Ce mardi 13 février, l’Apli (Association des producteurs de lait indépendants) manifeste pour faire valoir ses solutions à la crise agricole. Pour son président, Adrien Lefèvre, « le compte n’y est pas avec les annonces du gouvernement ». Jachères, primes sur le GNR, refonte du plan Écophyto… Pour l’éleveur des Ardennes, « aucune de ces mesurettes ne répond vraiment au problème de prix et de revenu qui fait descendre les agriculteurs dans la rue ».
L’objectif de la manifestation : se rendre à l’Assemblée nationale pour discuter avec les députés des solutions portées par l’Apli. Parmi elles, figure le renforcement des lois Égalim, afin de leur donner une dimension européenne.
Renforcer les lois Égalim
« Aujourd’hui, seule 50 % de la production laitière est concernée par Egalim », insiste Adrien Lefèvre. La restauration collective et l’export en sont exempts, et cela représente une part non négligeable du mix produit des laiteries françaises. « C’est un bon début, mais c’est mal ficelé », estime le président de l’Apli. Autre bémol : le caractère national de la mesure. « Certains industriels délocalisent leurs centrales d’achat, voire la provenance de leurs produits pour contourner Égalim ».
C’est le moment de mettre en place un Egalim européen.
Mais le président de l’Apli compte bien profiter de l’embrasement agricole européen pour faire passer ses idées. « Nous avons nos voisins et l’opinion publique avec nous. C’est le moment d’essayer de construire quelque chose à l’échelle européenne. »
Permettre aux éleveurs de négocier avec la distribution
Autre doléance, la reconnaissance de la démarche FaireFrance, portée par l’Apli. « Nous souhaitons qu’elle soit reconnue d’utilité publique afin de l’étendre autant que possible dans les filières. »
Ce mode de commercialisation confère aux agriculteurs la responsabilité de la vente des produits transformés. « L’agriculteur vend deux fois le produit. Une fois à la ferme, et une seconde fois en sortie d’usine. » Un modèle qui a fait ses preuves auprès de certains industriels. « Aujourd’hui, LSDH (laiterie de Saint-Denis l’Hôtel) travaille le lait et la crème pour FaireFrance, et Lactalis fait le beurre. Pour eux, c’est un débouché supplémentaire. C'est un peu pour nous comme un prestataire, et l’on vend les produits qu’ils transforment. »
Et pour l’éleveur des Ardennes, ce procédé a de beaux jours devant lui. « Les contentieux avec les laiteries montrent bien qu’il est l’heure de trouver de nouveaux moyens de valoriser le lait, en remettant l’éleveur au cœur du système ».
560 €/1 000 1 minimum
Pour l’éleveur, l’application de ces mesures devrait permettre aux éleveurs d’atteindre un prix du lait correct. « On demande 560 €/1 000 l. C’est un prix qui permettrait de couvrir le coût de production, avec une marge de sécurité climatique et économique ». D’autant que la question du prix du lait n’est pas sans enjeux. « Il y en a un très gros autour de 2027 et 2028, dates à laquelle la France pourrait devenir importatrice nette de produits laitiers si l’on continue dans ce sens. » Une revalorisation du prix du lait apparaît alors essentielle pour soutenir la dynamique d’installation dans la filière laitière.
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