Des citoyens se sont mobilisés sur Facebook sous le nom de « Les canards en colère » pour rassembler la population et les éleveurs de volaille des 18 départements du sud-ouest touchés par les mesures gouvernementales de lutte contre la grippe aviaire.
Objectifs : obtenir « l'abrogation totale de l'arrêté interdisant la mise en place de canetons dans les élevages de 18 départements Français et proposer une nouvelle réunion de tous les acteurs de la filière, y compris les plus petits » explique Lionel Candelon, fondateur du mouvement « Les Canards en colère » lancé mardi 19 janvier sur Facebook. Il a annoncé la rédaction d'une lettre ouverte adressée au ministre de l'Agriculture Stéphane Le Foll (disponible ici) et il s'explique sur Facebook ici.
« L'exploitation de mon père menacée de disparaître »
Maçon, carreleur, peintre, plaquiste : Lionel n'a rien d'un éleveur. Il est artisan chef de l'entreprise LCB Bati à Estirac (Midi-Pyrénées). Ce qui ne l'empêche pas de se sentir concerné et de vouloir mobiliser. Pourquoi ? « Parce qu'aujourd'hui, à 29 ans, je vois l'exploitation de mon père menacée de disparaître à cause de la décision stupide d'un homme qui croit qu'il va résoudre la grippe aviaire en détruisant des milliers d'emplois et de familles » écrit-il sur Facebook.
Le mouvement « Les canards en colère » est porté par des citoyens (pas par des éleveurs comme indiqué par erreur par plusieurs médias), quatre personnes qui se définissent comme les "quatre mousquetaires" : Lionel Candelon, rejoint par les deux co-président de "Gers en force" (association d'aide administrative et de soutien à la personne) Cédric Davant Lannes et Sylvie Cabella ainsi qu'un oncle de Lionel, Jacques Candelon, de la SARL Candelon à Touget dans le Gers. Ce dernier est fournisseur de canards pour les éleveurs et son entreprise produit foie gras, magret, cuisse, confit, sauce... qu'il revendique « fabriqués de façon artisanale ».
« Un arrêté, qui doit être publié mardi prochain, impose notamment la non production de palmipèdes durant au moins cinq mois. » S'il n'est pas retiré, menace Lionel Candelon, « nous prévoyons de gros mouvement dans le sud-ouest. Nous n'avons plus rien à perdre, nous nous battrons jusqu'au bout », a-t-il encore affirmé. « La filière touche 100 000 personnes directement. Les couvoirs ont déjà fermé dans le Sud-Ouest et les gens sont déjà en chômage technique », a-t-il affirmé.
« Nous n'avons de bannière ni syndicale ni politique »
« Aujourd'hui notre mouvement compte plus de 2 300 membres alors qu'on en comptait zéro mardi dernier, a-t-il expliqué. Nous avons créé le groupe mardi midi. »
« Nous n'avons de bannière ni syndicale ni politique et nous voulons aussi nous battre contre la grippe aviaire qui sévit dans le Sud-Ouest », dit-il. « C'est un mouvement du peuple et je veillerai à ce qu'aucun groupe syndical ne le récupère », a affirmé cet ancien militaire, jugeant qu'aucun d'entre eux n'avait entendu la détresse des éleveurs depuis l'éclatement de la crise. « On ne veut pas de récupération politique de qui que ce soit » insiste Cédric Davant Lannes.
Cédric a lancé une pétition en ligne pour appuyer ces revendications : « Je suis canard ». Elle avait recueilli à la mi-journée dimanche un peu moins de 800 signatures.
« Les Canards en colère » veulent s'asseoir à la table des négociations « avec Stéphane Le Foll et tous les acteurs concernés » pour trouver une solution, car le ministre « sait qu'il va y avoir des drames sociaux et humains » revendique Lionel Candelon. Aujourd'hui, a également ajouté le fondateur du mouvement, « nous avons estimé à un milliard d'euros les indemnités qu'il faudrait à la filière (en cas d'entrée en vigueur de l'arrêté), le gouvernement ne les a pas ».
En dehors des syndicats traditionnels
Et les "quatre mousquetaires" de lancer sur Facebook : « Si vous voulez sauver nos familles, vos familles, vos patrimoines, notre terroir, battez-vous avec nous. Ensemble nous serons plus fort. Ne laissez rien ni personne de côté, ne laissez rien ni personne vous prendre vos vies mais faites-vous entendre. »
Dans ce même type d'esprit, de nombreux messages de soutien aux éleveurs ont été lancés cette semaine et ce week-end sur Facebook. Ainsi que des appels d'éleveurs qui cherchent à s'exprimer en dehors des syndicats traditionnels pour faire entendre leur désespoir. En plus des manifestations de cette semaine sont par exemple signalés un camion de lait vidé sur la route à Gan dans les Pyrénées-Atlantiques, le soutien du club de foot En avant de Guingamp ou des panneaux barrés d'une bande noire signe de deuil à Pouldergat dans le Finistère (voir ci-dessous).
Façon aussi de rappeler que l'agriculture est particulièrement touchée par le suicide, comme le rappelle le maraîcher morbihannais Jacques Jeffredo. Estimant à 600 le nombre d'agriculteurs se donnant la mort chaque année, Jacques a fait du 11 octobre une journée nationale pour les suicidés en agriculture afin de soutenir leurs familles.
Éleveurs : un deuil, et des brassards noirs sur la route https://t.co/AhiC1Lytpm pic.twitter.com/0XUzwQ3LaD
— France 3 Bretagne (@france3Bretagne) 23 Janvier 2016
Ils sont dans une colère blanche !!!!Dans la nuit de mercredi à jeudi vers 1h un camion de lait a été intercepté par...
Posté par Marc Allias sur jeudi 21 janvier 2016
Regardez les bandes publicitaires ;-)
Posté par Pierre Boiteau sur dimanche 24 janvier 2016

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