L'hiver dernier, trois fermes expérimentales du Grand Ouest ont mis en place des essais de pâturage hivernal avec suivi de croissance des animaux, mesure d'ingestion (herbe pâturée, foin et concentré), et suivi de l'état des parcelles :
- La ferme de Thorigné d'Anjou (49), avec 20 bœufs limousins et un lot de bœufs et génisses croisés Limousin x Angus de 12 à 24 mois ;
- La ferme de Trévarez (29), avec 12 génisses Prim'holstein gestantes de 19 mois et 5 génisses croisées gestantes de 20 mois ;
- La Blanche Maison (50), avec 15 bœufs Normands de 12 à 24 mois.
Les responsables des trois fermes (Lucie Morin à la Blanche Maison, Julien Fortin à Thorigné d'Anjou et Tom Duperret à Trévarez) reconnaissent que les conditions météorologiques étaient plutôt favorables avec 30 % de précipitations en moins que la moyenne. Les animaux ont pu profiter d'une pousse favorable avec de bonnes valeurs :
La Blanche Maison (50) | Thorigné d'Anjou (49) | Trévarez (26) | ||
Pâturage libre : | Pâturage tournant : | 55 j de pâturage 10,5 t MS (0,42 t MS/ha) 7,9 kg MS/animal/j | Syst conventionnel : | Système AB : |
78 j de pâturage 4,8 t MS valorisée sur l'hiver (1,1 t MS/ha) 8,8 kg MS/animal/j | 78 j de pâturage 5,4 t MS (1,25 t MS/ha) 8,6 kg MS/animal/j | 89 j 10,5 t MS (0,47 t MS/ha) 9,1 kg MS/animal/j | 62 j 2 t M (0,52 t MS/ha) 7,2 kg MS/animal/j | |
21 % MAT 14,5 % MAT 20,9 % CB | 20 % MS 17,5 % MAT 20 % CB | 15 % MS 19,5 % MAT 16,3 % CB | 13 % MS 21 % MAT 26 % CB | 15 % MS 21 % MAT 24 % CB |
Croissance des animaux (GMQ en hiver en g/j) | ||||
4 Norm - 15 mois : 833 | 4 Norm - 15 mois : 192 | 7 croisés - 22 mois : 486 | 12 Holstein gestantes - 19 mois : 963 | |
3 Norm - 24 mois : 662 | 4 Norm - 24 mois : 657 | 5 croisés - 16 mois : 633 | 5 croisées gestantes - 20 mois : 663 | |
8 Lim - 16 mois : 475 | ||||
Économies réalisées | ||||
14 t MS enrubannage 3 t paille | 8,5 t MS foin 900 kg féverole 3,5 t paille | 12 t MS enrubannage 3 t de paille |
Les observations sur les parcelles révèlent que le pâturage hivernal n'a pas (ou peu) eu d'effet sur la productivité annuelle de la prairie, ni sur la composition botanique.
Les animaux présentent de bonnes croissances, conformes aux objectifs, sans ou avec peu d'apports de fourrages et de concentrés complémentaires au champ.
De l'herbe à aller chercher sur l'hiver !
Les essais vont se poursuivre sur les trois fermes, mais plusieurs intérêts ont d'ores et déjà été identifiés :
- Gagner 2,5 mois de pâturage
- Tabler sur des quantités d'herbe et de bonnes valeurs alimentaires
- Pratique accessible à différents types d'animaux, notamment en croissance (génisses, bœufs)
- Économie d'aliments et d'énergie (pas de distribution d'aliment ni de paillage)
- Gain de temps de travail (estimé à 20 min/semaine à Trévarez)
Cette pratique colle parfaitement au changement climatique qui induit une modification sur l'offre d'herbe : un démarrage plus précoce, un arrêt de pousse l'été, mais plus forcément d'arrêt l'hiver, ce qui offre de belles opportunités de valorisation. La pâturage hivernal reste bien sûr possible si les conditions le permettent (pas d'excès d'eau, portance des sols suffisantes et bonne gestion du piétinement).