Le monde laitier change. La baisse de la collecte française bouscule les relations entre les producteurs et les industriels et donne aux premiers des opportunités qu’ils n’avaient pas jusque-là. C’est ce que vivent des producteurs de Seine-Maritime et de l’Eure. La moitié des 210 adhérents de l’Association des producteurs laitiers normands (APLN), membre de l’OP Oplase, va rejoindre l’Association des producteurs de lait du bassin Centre, OP connue pour ses contrats tripartites avec la Laiterie Saint-Denis-de-l’Hôtel (LSDH) et la grande distribution. À partir du 1er janvier 2024, leurs 70 à 75 Ml approvisionneront les usines de Novandie, à Maromme (Seine-Maritime) et Auneau (Eure-et-Loir). La filiale du groupe Andros est spécialisée dans les produits frais aux deux tiers sous MDD. Ses 280 Ml transformés sont assurés aujourd’hui par 90 Ml en collecte propre dans le nord de la France et 190 Ml sous contrats, principalement avec Sodiaal. Un contrat de 70 à 80 Ml avec le groupe coopératif arrive à échéance en fin d’année. « Novandie veut se réapproprier son approvisionnement laitier. Elle s’est renseignée auprès de LSDH sur sa façon de travailler avec les producteurs et ses clients. De là est née l’idée de construire un projet ensemble, c’est-à-dire l’APLBC, LSDH et Novandie », raconte Jérôme Chapon, un des responsables de l’OP. Cette dernière a pris son bâton de pèlerin et s’est rapprochée de l’APLN. « À partir du 1er janvier 2024, nous mutualiserons l’accompagnement des producteurs – assuré par LSDH – , les négociations avec les clients et la partie Matière Première Agricole relative à la loi Egalim qui sert à la fixation de notre prix de base. Nous travaillons aujourd’hui en totale transparence avec LSDH. Nous allons faire de même avec Novandie, » insiste Jérôme Chapon.
Le besoin des producteurs d’une relation constructive
C’est ce qui a séduit l’APLN. « Nous trouvons à l’APLBC ce qui nous manquait jusque-là : la considération de l’industriel, confie Nicolas Fontaine, président de l’APLN. Les relations contractuelles houleuses ces trois dernières années entre l’Oplase et Eurial Ultra Frais (filiale du groupe coopératif Agrial) ont laissé des traces. « Travailler avec un groupe privé familial implanté dans notre région nous plaît, poursuit-il, comme c’était le cas avecSenoble avant qu’il vende ses usines à Agrial il y a dix ans.» L’absence de contrat d’application individuelle suite à la dénonciation du contrat-cadre par Eurial Ultra Frais facilite la décision des producteurs de rejoindre l’APLBC.
Oplase : un nouveau contrat avec Eurial UF qui donne plus de liberté
Pour l’Oplase, la pilule est dure à avaler, d’autant plus qu’après moult discussions, elle a signé le 28 juin dernier un nouveau contrat avec Eurial Ultra Frais, « qui nous apporte de la liberté », souligne Eric Lapostolle, vice-président de l’Oplase. Également haut-normand, il fait le choix de rester dans le giron de l’OP. « Sur les 200 Ml de référence de l’Oplase, nous avons obtenu que 30 % puissent être orientés vers un autre acheteur à condition de prévenir Eurial Ultra Frais six mois avant la fin de la campagne. » Lui démarre le 13 juillet la livraison de 2 Ml annuels à une laiterie belge avec quatorze autres collègues. « Cela représente un semi-remorque de 28 500 litres tous les quatre à cinq jours. L’Oplase SA que l’OP a créée le 1er août 2022 assure la collecte, les analyses de lait et la facturation à notre client. » Il regrette l’arrivée de l’APLBC en Haute-Normandie, qu’il associe à « une mise en concurrence des OP. » Et pour Eurial Ultra Frais, ce sont 70 Ml de moins jusque-là destinés à son usine de Gruchet-le-Valasse (Seine-Maritime).
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