
Dans l’indexation 2024/1 des taureaux normands, ceux génotypés résistants à la paratuberculose sont signalés par un pictogramme vert. Ce lancement a pris deux ans de plus que celui de la holstein, car il a fallu constituer une population de référence suffisante pour la sélection génomique.
Après la holstein en avril 2022, c’est au tour de la race normande de disposer d’un indicateur génomique de résistance à la paratuberculose. L’indexation des taureaux d’avril 2024 l’inaugure avec un pictogramme vert qui signale leur caractère améliorateur. Les trois autres indicateurs qui classent les animaux à partir de leur prédiction génomique ne sont pas affichés, à savoir : très sensible, sensible et standard. Mais, ils vont l’être pour les femelles génotypées. « Si les deux premiers l’étaient, on courrait le risque que les taureaux concernés ne soient pas utilisés ou moins, avec la conséquence qui lui est associée d’un appauvrissement génétique », pointe Matthieu Chambrial, responsable de la sélection génétique à Origen Normande. Parmi la gamme des 109 taureaux normands diffusée à partir du 1er juin, une quarantaine portera cette vignette, dont dix jeunes à index génomiques. « En revanche, les mâles identifiés “très sensibles” ne rentreront pas dans les schémas de sélection normands », précise-t-il. C’est déjà appliqué par les entreprises de sélection holstein. « Deux années supplémentaires ont été nécessaires par rapport à la holstein pour lancer cet indicateur car la population de référence normande était trop petite pour une sélection génomique. »
Quatre chromosomes impliqués dans la résistance
En amont, il a fallu identifier les régions du génome (appelées QTL), les gènes et les variants relatifs à la résistance à la paratuberculose. Chez la normande, quatre QTL présentant, selon l’Institut de l’élevage (Idele), « des variants génétiques significatifs sur la résistance à la paratuberculose », l’ont été. Deux sont situés sur les chromosomes 3 et 6. Cette découverte est spécifique à la normande. Deux localisations sont communes aux races normande et hostein : sur les chromosomes 12 et 23. La holstein en compte aussi deux qui lui sont propres : sur les chromosomes 13 et 18. Les travaux de recherche menés par le consortium Paradigm, qui rassemble le réseau des GDS de France et du Grand Ouest, Oniris et les acteurs de la génétique (1), sont allés plus loin. Sur la base de la position des variants, plusieurs gènes ont été identifiés comme les candidats les plus plausibles à cette résistance. En race normande, il s’agit des gènes PEAR1, ELOVL5, HS6ST3, et C1QTNF7.
127 150 normandes génotypées
Pour en arriver à ce résultat, le consortium s’est appuyé sur les élevages suivis en plan d’assainissement par les GDS, qui ont permis, à partir de sérologies sanguines, de classer leurs animaux en catégorie sensible ou résistante. « La population de vaches normandes de référence pour la sélection génomique repose sur 34 400 phénotypes à 26 % positives à la paratuberculose, essentiellement en cas subcliniques, détaille Arnaud Delafosse, directeur du GDS de l’Orne. Près de 6 000 d’entre elles ont été génotypées. » Cette population est extraite de 127 150 normandes génotypées. Celles non retenues dans la population de référence ne disposaient pas d’un profil suffisamment fiable pour être intégrées dans le programme de recherche.
Le génotypage renforce le dépistage
Désormais, s’appliquera dans les élevages normands dépistés positifs à la paratuberculose le protocole d’assainissement établi il y a deux ans pour les élevages holsteins. « L’âge du premier dépistage des femelles sensibles peut être avancé car le risque de déclarer la maladie jeune est plus élevé. De 24 mois, il passe à 12 mois grâce au génotypage », note Arnaud Delafosse. Le génotypage les classe en effet en quatre catégories : très sensible, sensible, standard et résistante. De leur profil génétique de résistance dépendra leur gestion. Le protocole des génisses très sensibles est renforcé, celui des résistantes est allégé. Quant à celui des profils intermédiaires, il est inchangé.
Génisses très sensibles. Les génisses sont réformées à 12 mois, dans la foulée de leur génotypage. Si l’éleveur souhaite les conserver car elles présentent un intérêt génétique, par exemple, un dépistage sera réalisé tous les six mois à un an – selon le degré d’exposition de l’élevage à la maladie – pour s’assurer qu’elles restent négatives. Elles seront alors accouplées à un taureau résistant pour corriger leur profil sur leur descendance. En revanche, au cours de ce suivi régulier, si elles se révèlent positives, elles seront réformées.
Génisses résistantes. Leur premier dépistage a lieu à l’âge de 24 mois, puis deux ans après. S’il reste négatif, l’animal n’est plus contrôlé.
Le recours à des taureaux résistants à la paratuberculose et au génotypage des femelles va supprimer progressivement les animaux normands très sensibles à la maladie, et donc limiter son expression clinique (diarrhées chroniques, perte de poids rapide et mort).
(1) Les acteurs de la génétique sont l’Inrae, l’Idele, Eliance et Apis-Gene.
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