« L’IA ne remplace pas notre métier, elle le facilite »

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Céline Tréton fait partie des huit éleveuses et éleveurs ligériens qui alimentent de leurs idées et testent Pilot’élevage, l‘application de conduite du troupeau utilisée dans les Pays de la Loire, le Centre, une partie de la Nouvelle-Aquitaine et en Normandie. (©C.Hue)

Céline Tréton, en Gaec avec son conjoint et son cousin, a fait de Pilot’Elevage un outil quotidien de travail. L’enrichissement de l’appli par l’arrivée de l’intelligence artificielle la séduit.

Le smartphone de Céline Tréton est son premier bureau. Elle le porte constamment pour consulter l’application mobile de Pilot’Elevage, qui l’aide à gérer les quelque 130 vaches et les génisses au quotidien.

L’EXPLOITATION

  • À Denazé (Mayenne)
  • Gaec à 3 associés et 1 salarié
  • 132 holsteins pour 1,25 Ml
  • 170 ha, dont 86 ha de céréales, 67 ha de maïs, 15 ha de luzerne et 7 ha de prairies temporaires
  • 2 robots de traite installés depuis janvier 2025

Conçue et gérée par le groupe de conseils Seenergi, les chambres d’agriculture de Normandie, des Pays de la Loire et du Centre, l’appli est proposée aux éleveurs de ces trois régions et d’une partie de la Nouvelle-Aquitaine.

Alléger la charge mentale

« Je ne peux plus m’en passer, confie l’éleveuse, en Gaec avec son conjoint et son cousin. Je saisis sur Pilot’Elevage tous les événements liés aux animaux dans son carnet sanitaire. J’y réalise les déclarations de naissance des veaux. Inséminant nous-mêmes les femelles, nous prenons connaissance du nombre d’inséminations artificielles déjà pratiquées sur l’animal. Nous consultons leur résultat de génotypage pour décider quel taureau accoupler, etc. »

Équipée de deux robots de traite Lely depuis janvier 2025, Céline apprécie également les remontées automatiques de données de traite du logiciel Horizon de Lely vers Pilot’Elevage et inversement celles de dates de vêlage de Pilot’Elevage vers Horizon. « Dans le premier cas, le conseiller Seenovia a accès à la production du troupeau même si nous avons arrêté pour l’instant le contrôle de performance. Dans le second cas, les deux robots sont avertis quasi aussitôt après le vêlage des laits à mettre à part. » L’éleveuse demande plus pour alléger sa charge mentale faite de multiples tâches quotidiennes. « Il faut élargir le champ de ces remontées pour éviter les doubles saisies. Je pense en particulier aux traitements antibiotiques. Un flux automatique vers Horizon faciliterait l’écartement du lait. »

Appli Pilot’élevage sur smartphone
Etablir une liste de vaches sur plusieurs critères va faire partie des usages classiques de l’appli Pilot’élevage. Lors du reportage en juillet, la question a été écrite. Au Space de Rennes, elle sera dictée oralement grâce au chatbot. (© C.Hue)

Au-delà de la suppression des doubles saisies, Céline Tréton a plein d’idées pour améliorer la gestion quotidienne du troupeau dans Pilot’Elevage. Elle fait d’ailleurs partie depuis dix ans du groupe de huit éleveurs laitiers et allaitants ligériens animés par Seenergi pour l’améliorer (un groupe équivalent existe en Normandie).

Analyser plus d’informations

Le recours à l’intelligence artificielle pour croiser aisément des informations la séduit. « Notre objectif est de réserver les semences sexées aux meilleures laitières. Lors de notre dernière réunion de test avant l’été, je les ai identifiées rapidement à partir de ces quatre index cumulés : le lait, les taux, la vitesse de traite et la longueur des trayons », note-t-elle. Cette évolution de l’appli pourra être interrogée oralement par l’interface conversationnelle, le chatbot. Le pilotage plus intuitif sera présenté au Space de Rennes et au Sommet de l’élevage de Clermont-Ferrand. La proposition commerciale sera lancée début 2026. « Le chatbot n’était jusqu’à présent disponible que pour demander la fiche de l’animal par son numéro, ce que je fais systématiquement. La dictée orale en routine va me simplifier la vie, surtout quand je serai dans les bâtiments », s’enthousiasme-t-elle. « L’IA embarquée va petit à petit s‘enrichir des croisements de données de plus en plus sophistiqués. Elle va débloquer des sujets qu’il n’était pas techniquement possible de traiter jusque-là », intervient Thomas Gilet, responsable de l’offre numérique chez Seenergi.

Courant 2026, l’IA pourra lire les observations sanitaires notées par l’éleveur sur l’animal et ainsi aller plus loin que la simple liste des animaux classés, depuis l’an passé, en quatre codes couleur d’état de santé dans Pilot’Elevage. La vaccination avec la gestion des rappels est également dans les tuyaux. « L’objectif est d’être complémentaire des services existants, par exemple en évitant la double saisie, et non de les remplacer. L’appli, sinon, s’alourdira, se complexifiera, ce que nous voulons éviter », insiste Thomas Gilet.

Donner une image moderne de l’élevage

Les éleveuses et éleveurs risquent-ils d’être moins présents dans leur troupeau en s’appuyant sur l’intelligence artificielle ? « Non, répond Céline. L’IA ne remplacera pas notre métier. Elle va le faciliter, permettre d’étoffer les bases de données et trier une masse plus importante d’informations. » Elle y voit un autre grand intérêt : attirer les jeunes dans les exploitations laitières grâce à une image moderne de l’élevage.

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