Avez-vous déjà aperçu un dégagement orange autour de votre silo de maïs fraîchement ensilé ? Si cela vous arrive, gardez vos distance ! C'est du NO2, très toxique pour l'Homme et les animaux. Focus sur ce phénomène certes rare mais à connaître.
« On a eu un cas l'an dernier chez un éleveur de l'Orne, témoigne Émilie Turmeau, conseillère d'exploitation et référente fourragère pour Elvup. C'est assez rare. La plupart des cas connus et très graves (causant la mort de plusieurs animaux) ont eu lieu aux États-Unis, mais nos collègues de Tourraine ont déjà constaté des dégagements similaires chez certains producteurs et c'est aussi arrivé chez nous donc il me paraît important d'informer les éleveurs sur ce phénomène. »
Concrètement, on parle de quoi ?
Lorsque le maïs subit un stress hydrique important, avec des températures très élevées, la minéralisation dans le sol ne se fait plus car son métabolisme ne fonctionne plus bien. L'azote à sa disposition n'est pas ou trop peu transformé en protéines. « Le pire, c'est quand le maïs reçoit une petite pluie après une longue période sèche et qu'il est récolté juste derrière. La plante capte beaucoup de nitrate d'un coup et n'a pas le temps de le transformer d'ici l'ensilage. »
Sans être de grands chimistes, que se passe-t-il lorsque la plante, qui n'a pas pu transformer l'azote, est ensilée ?
Le nitrate (NO3-) puisé par la plante est transformé en nitrite par les entérobactéries, puis en ammoniac (NH3) et monoxyde d'azote (NO). En présence d'oxygène, le NO peut s'oxyder pour former le dioxyde d'azote (NO2). C'est ce NO2 qui génère un dégagement gazeux jaune orangé autour du silo. « C'est un gaz lourd qui se plaque au sol et qui est donc très visible. Il a une odeur d'eau de javel et il est très dangereux pour l'Homme comme pour les animaux. Il ne faut surtout pas intervenir autour pendant trois semaines, le temps qu'il se dissipe », avertit Émilie Turmeau.
Difficile d'agir sur la fertilisation du maïs car elle a lieu bien en amont de la récolte. Émilie explique : « Il n'y a pas d'excès de fertilisation en maïs, ce sont juste de mauvaises conditions qui créent ce phénomène. Dans son cycle normal, le maïs a normalement tout le temps de transformer le nitrate. Mais une année comme l'an dernier, sans pluie du 5 mai au 15 septembre, le dernier apport n'aura pas ou très peu pu être minéralisé par la plante à cause du manque d'eau. Et après, le maïs n'aura pas le temps de faire le job entre le retour de la pluie et la récolte. »
En revanche, si vous pensez être dans une situation à risque, deux leviers sont actionnables :
- décaler la récolte : « Si les plannings et l’organisation le permettent, il peut être préférable de retarder l’ensilage de quelques jours si on est sur une succession absence de pluies sur une longue durée et retour de pluies importantes. »
- ensiler plus haut : « Les nitrates s’accumuleraient dans le bas de la plante. S’il y a un risque connu (le taux de nitrates est mesurable), et que les stocks le permettent, il peut être intéressant d’ensiler à des hauteurs plus importantes. »
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