Nécessaire à la sécurité du troupeau et des intervenants, l’écornage reste une tâche fastidieuse. En valorisant un gène naturellement présent, il est possible de faire naître des veaux sans cornes. Miser sur des reproducteurs sans corne apporte un gain de temps et de sécurité aux éleveurs. D’autant plus que le niveau génétique de ces reproducteurs s’est grandement amélioré. Témoignage de Serge Oury, éleveur d’Ille-et-Vilaine.
« Écorner les veaux est nécessaire pour leur sécurité et la nôtre. Mais c’est une tâche qui prend du temps, qu’il faut apprendre à maîtriser puis faire au bon moment, explique Serge Oury, producteur de lait et de volailles à Corps-Nuds (35). Avoir des animaux sans cornes, c’est plus simple et c’est mieux pour leur bien-être. »
Depuis 2011, l’éleveur choisit donc des taureaux porteurs du gène « sans cornes ». « Mes premiers critères de sélection sont le lait, les taux et la qualité de la mamelle. Après dans le choix de taureaux qui sont proposés pour chaque vache, je vais privilégier un sans cornes sur celles qui en ont. » En effet, comme toutes ses vaches sont génotypées, l’éleveur sait lesquelles sont porteuses du gène P, qui code pour l’absence de cornes. « Si la femelle est porteuse de deux gènes P, on peut mettre n’importe quel taureau, le veau sera sans cornes, traduit Serge Oury. Si non, il faut que le taureau soit aussi porteur du gène P ».
Aujourd’hui, 10 à 15 % de ses vaches, 20 % de ses génisses sont sans cornes. « Ça prend du temps d’arriver à tout un troupeau sans cornes car ce n’est pas le seul critère que je cherche à améliorer mais à chaque génération, j’ai moins de veaux à écorner », apprécie Serge Oury.
Un long travail de sélection
Proposer des taureaux améliorateurs, porteurs du gène sans corne et avec une diversité d’origine suffisante est le fruit d’un long travail pour les organismes de sélection. « Le gène sans corne, que l’on appelle P pour l’anglais Polled, est naturellement présent sans effet délétère, par exemple dans les races Angus et Galloway », explique Kevin Tual, responsable du marché génétique chez Innoval. Il a été identifié en 1993 sur le chromosome 1. Mais il a fallu attendre 2012 pour qu’on le localise plus précisément et qu’on découvre qu’il en existe deux versions, le gène celtique et le gène frison, celui qu’on trouve en Holstein.
Ce gène est dominant. Il suffit donc d’une seule copie, provenant du père ou de la mère, pour faire naître un veau sans corne. La sélection de reproducteurs sans cornes a été accélérée par le génotypage. « Cela nous a permis de sélectionner des reproducteurs sans cornes, issus de différents rameaux, tout en poursuivant le progrès génétique sur les caractères de production », souligne Jean-Christophe Boittin, responsable de produits France pour Synetics, filiale sélection d’Innoval.
Après avoir été longtemps en décalage d’une vingtaine de points d’ISU, les derniers taureaux sans cornes proposés au catalogue de Synetics s’installent sur les plus hautes marches du podium. « Proposer des reproducteurs sans cornes et d’un excellent niveau génétique est l’une des pistes que nous proposons aux éleveurs pour alléger leur charge de travail, partage Jean-Christophe Boittin. Nous pensons qu’à l’horizon 2030 notre offre génétique se composera à plus de 50 % de sans cornes. »
« En Holstein, 50 % des accouplements du schéma de sélection se font avec du sans corne. Ce qui nous permet d’avoir en catalogue 32 taureaux porteurs simples ou doubles du gène sans corne, dont 16 sont disponibles en semence sexée. » Même si pour des raisons de maintien de la diversité génétique, l’objectif n’est pas d‘avoir 100 % des troupeaux sans cornes, Synetics encourage les éleveurs à s’y intéresser. « Cela permet de réduire son temps de travail mais aussi d’anticiper d’éventuels durcissements sur la législation sur le bien-être animal, reconnaît Jean-Christophe Boittin. En Scandinavie, l’écornage doit déjà être réalisé par un vétérinaire. »
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