Malgré un accord bilatéral signé en novembre 2017, l’exportation de bovins français vers la Turquie peinait à se remettre en place. La récente dépréciation de la livre turque et, plus globalement, les tensions géopolitiques dans le pays ont mis un coup d’arrêt au flux commercial depuis la France, la Turquie préférant des bovins brésiliens et uruguayens, moins chers.
Fermé de 2011 à 2014 suite à la reconnaissance du génocide arménien par la France, réouvert à peine un an en 2015 puis de nouveau fermé à cause de la FCO, l’accès au marché turc pour les bovins français maigres est officiellement possible depuis fin 2017, mais à des conditions très strictes. Un débouché déjà bien tumultueux aujourd’hui de plus en plus compromis. En cause : les tensions géopolitiques croissantes et la dépréciation induite de la livre turque.
Quelques chiffres suffisent à illustrer les difficultés des exportateurs français à expédier des animaux là-bas. Les douanes turques avaient enregistré en 2015 plus de 50 000 bovins maigres importés de France (80 600 déclarés par les douanes françaises). En juin, juillet et août 2018, la France n’y a envoyé que 420 animaux. Et, selon une note de synthèse publiée en novembre 2018 par Franceagrimer, les opportunités ne seront pas plus nombreuses dans les prochains mois.
Outre un niveau d’exigence du certificat sanitaire « extrêmement élevé » malgré l’accord bilatéral signé en novembre 2017, la situation économique de la Turquie s’est fortement dégradée depuis 2015, « entraînant une dépréciation de la livre turque, ce qui renchérit d’autant le prix des animaux européens, et donc français, importés ».
« La Turquie, actuellement en proie à une crise monétaire importante et très fortement dépendante des importations, doit restructurer ses échanges pour éviter que la population ne soit trop fortement touchée, notamment d’un point de vue des denrées alimentaires. Cette restructuration va alors impacter les exportations des pays fournisseurs de ce pays du Moyen-Orient », résume la note de Franceagrimer.
« Accusées de détruire les entreprises locales – abattateurs et engraisseurs – et potentiellement incertaines au niveau des garanties halal, les importations de viande sont très impopulaires en Turquie », analyse Pierre Autissier, conseiller aux affaires agricoles à l’ambassade de France en Turquie. « L’importation des bovins n’est plus rentable et la quantité prévaut nettement sur la qualité. Malgré la reconnaissance de la qualité des animaux français, les Turcs essaient donc d’importer des bovins d’Amérique latine, car ces derniers sont tout simplement moins chers », poursuit Bozkurt Ozserezli, attaché agricole à l'ambassade de France en Turquie.
« Les exportations vers la Turquie ne sont plus d'actualité »
« Les exportations de bovins vifs français vers la Turquie ne sont plus d’actualité, tranche Gaëlle Dupas-Vaisset de Coop de France. Cependant, il faut continuer d’investir dans les négociations sanitaires pour permettre aux exportations de reprendre dès que les prix redeviendront intéressants. »
La hausse du prix des céréales et aliments pour bétail importés par les Turcs est également un élément à prendre en compte, qui peut être une menace pour les exportations de broutards à destination de la Turquie.
« Malgré tout, la France réalise de gros efforts pour se positionner sur le marché des bovins maigres en Turquie et il faut persévérer pour espérer retrouver une place sur ce marché lorsque l’économie turque se sera stabilisée », tempère Franceagrimer.
« Selon une note du service économique régional d’Ankara, malgré la dépréciation de la livre turque, le besoin national en viande rouge et en bovins vivants est estimé durable au moins sur les trois à cinq prochaines années (la population turque est proche de 81 Mhab,en hausse de 1,2 % par an). La Turquie devra donc continuer d’importer des bovins et de la viande bovine, et cela reste une opportunité pour la France. »
D’ailleurs, le 4 octobre dernier lors du Sommet de l’élevage à Cournon d’Auvergne, Stéphane Travert a signé un accord avec son homologue turc pour « faciliter les exportations de bovins français vers la Turquie » et le dialogue doit se poursuivre afin de s’assurer de la mise en œuvre réelle de ces nouvelles dispositions, en particulier concernant les modalités des quarantaines avant le départ vers la Turquie.
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