La coopérative de Maillezais, dans le sud de la Vendée, était placée en liquidation judiciaire. Faute de repreneur, elle cessera son activité dès le 10 avril.
« C’est le cœur lourd que nous avons pris avec le tribunal la décision de mettre fin à une histoire de plus de 133 ans. » Directrice adjointe de l’Union laitière de la Venise verte (ULVV), Lauriane Turgné adressait ce message, le 7 mars, aux fournisseurs et clients de la coopérative de Maillezais, créée en 1891 dans le Sud-Vendée, au cœur du marais poitevin. Placée en redressement judiciaire, l’entreprise n’a pu convaincre aucun repreneur. Elle comptait 22 salariés et 44 producteurs (dans 21 exploitations) apportant 7 millions de litres de lait de vache et 2 millions de litres de lait de chèvre. Le lait de vache représentant à peine 30 % des besoins pour la transformation, le reste était revendu (en échange de lait de chèvre) à la Coopérative laitière de la Sèvre, à Celles-sur-Belle, pour fabriquer le beurre échiré labellisé AOP Charentes-Poitou.
Des difficultés depuis la crise du Covid
Malgré ses efforts, l’ULVV ne s’est pas relevée de la crise du Covid. À l’aide d’une tour de séchage créée en 2003, la coopérative exporte, dans les années 2010, une grande partie de ses poudres de lait vers les marchés chinois, vietnamien et taïwanais. À la même période, avec un chiffre d’affaires de 14 millions d’euros, elle investit 2 millions dans la rénovation de sa fromagerie. La fabrication de 750 tonnes de fromages représente alors plus de la moitié de son chiffre d’affaires, avec notamment un débouché vers les restaurants et stations de ski savoyards. « En 2019, nous avons créé la société Lacticare à l’aide d’investisseurs, car nous n’avions plus les moyens d’investir face à une nouvelle mise aux normes de la tour de séchage, explique Lauriane Turgné. Nous fournissions 100 % du lait et détenions 25 % des parts. » Fin 2019, avec la fermeture du marché chinois, Lacticare perd son principal client pour la poudre de lait, tandis qu’en 2020 le débouché des fromages s’effondre à son tour, entraînant une chute du chiffre d’affaires (9 millions d’euros aujourd’hui).
Depuis, les deux prêts garantis par l’État (PGE), puis l’échelonnement des dettes dans le cadre de la procédure de sauvegarde (à la suite de la liquidation de Lacticare) n’ont pas suffi, dans un contexte difficile de hausse des charges (énergie, main-d’œuvre). Une fois ses stocks épuisés dans ses deux boutiques, l’ULVV fermera donc ses portes le 10 avril. « Les producteurs ont obtenu l’autorisation d’être collectés temporairement par d’autres entreprises dès le 1er mars, le temps qu’ils se désengagent de la coopérative, précise Lauriane Turgné. Ils s’étaient préparés à cette situation. Quant aux salariés, les situations sont diverses. Nous sommes déçus de n’avoir pas trouvé de repreneur. La fragilité de notre ressource laitière est sans doute une explication : nous avions perdu un million de litres de lait de chèvre à la suite d’arrêts d’activité. Mais notre fromagerie et notre savoir-faire avaient de la valeur. C’est une perte pour le patrimoine vendéen. »
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