En 5 ans, Bruno Lucien est passé d’une ferme laitière classique, à un atelier transformant plus de 185 000 litres de lait par an. La transformation laitière a été une décision qui a donné un souffle nouveau à l’exploitation.
Il est 16h17, le vent souffle sur les hauteurs de Lachapelle-aux-Pots, une commune de l’Oise à 15 km de Beauvais. Bruno Lucien descend de son télescopique pour retrouver ses 60 vaches. Il a repris la ferme en 1997 avec un cheptel de Prim’Holstein mais, passionné par la race Montbéliarde, il a décidé de changer tout son troupeau en 2001. « Les gens me déconseillaient de le faire, me disaient que ça allait plomber ma production. »
Un rêve de transformation fromagère
C’est après un voyage dans le Jura que l’exploitant s’est intéressé à la race. Selon lui, le lait de Montbéliarde, plus protéiné, permet un meilleur affinage en fromages. Mais cette envie de transformation laitière, il l’a gardé sans jamais la concrétiser...
C’est en 2016, lorsque son fils Alexandre commence à travailler sur la ferme, que Bruno Lucien songe de nouveau à cette idée. La production tournait « sans foisonnement », pour ne pas dire qu’elle était assez délicate en sortie d’une crise des prix. Pas de quoi nécessiter un deuxième exploitant à plein temps en tout cas... Mais Bruno Lucien est un ambitieux, à la recherche d’innovation quand elle rejoint ses valeurs. L’indépendance, le lien familial et la volonté de sortir du joug des prix laitiers, sont autant de motivations qui l’ont conduit à lancer ce nouvel atelier de transformation laitière.
Une affaire familiale
Le temps se calme et laisse place à une légère brise quand 17h approchent. Anaïs Lucien, la fille de Bruno, descend le store de la porte de son magasin situé sur l’exploitation familiale. C’est une fin de journée pour la vente, mais elle est loin d’être terminée pour Anaïs et l’équipe de transformation. Le magasin et la ferme sont deux entreprises différentes : le Gaec produit le lait et le transforme et Anaïs rachète les produits finis pour les vendre indépendamment.
Derrière la vitre, dans l’arrière-boutique, s’activent la femme de Bruno et deux autres salariées. Comme chaque jour, un grand nettoyage et la désinfection des laboratoires s’opèrent. Ce n’est qu’après la stérilisation des locaux que Madame Lucien peut s’occuper de la traite des vaches, son mari devant encore réaliser une dernière livraison en camion pour la journée. En plus de la vente directe à la ferme, le magasin vend aux écoles, aux collèges, aux épiceries et récemment en grande surface, chez Auchan.
185 000 litres de lait transformé
Bruno Lucien s’était déjà fait une certaine renommée dans la région. Il pense que cela a dû aider au développement de son marché, par le bouche à oreille. Il transforme aujourd'hui 185 000 litres par an dont : 10 000 yaourts par semaine, 500 pots de fromage blanc et plus de 700 fromages dont le « Camem’bray ». Aujourd’hui, il est heureux de ce succès, mais veille à ne pas se faire dépasser même s’il peut compter sur le dévouement des membres de sa famille et de ses employés.
Créée initialement pour permettre d’accueillir Alexandre sur l’exploitation sans augmenter son cheptel et ses surfaces de culture, la transformation a pris de l'ampleur et le magasin est devenu un véritable promoteur de la production locale de la région. Il offre un point de vente à plusieurs autres agriculteurs du coin, valorisant les produits régionaux et leur savoir-faire doublé d’une dimension pédagogique et sociale permise par la vente directe à la ferme. Bruno se rend compte que ce travail familial fait de lui « le plus heureux des pères » comme il dit.
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