Une infection des yeux non identifiée

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(© Ségolène Rodier)

Dans le nord de la Mayenne, l’apparition récurrente d’une forme d’inflammation aiguë des paupières interroge. Si la prise en charge semble efficace, l’origine du problème reste indéterminée.

Depuis quatre ans, de mai à août, nous recevons des appels pour des yeux gonflés. On pense aussitôt aux habituelles kératites transmises par les mouches : l’œil avec un point blanc qui coule et qui est douloureux, pouvant évoluer vers un œil blanc jaunâtre à la surface irrégulière avec un ulcère formant un gros trou.

Ça, on connaît, on sait que c’est dû à une bactérie du genre Moraxella, transmise par les pattes de mouches qui vont boire d’œil en œil, d’où une allure souvent épidémique. Cette bactérie est sensible à la cloxacilline en application locale. Si c’est pris dès le début et fait régulièrement, des gouttes de phytothérapie suffisent. Parfois, des interventions plus lourdes mais très efficaces, avec des injections sous conjonctivales ou une fermeture de l’œil, sont nécessaires. Sur des yeux très abîmés, on arrive généralement à récupérer la vision (peut-être pas 10/10…) avec une cicatrice blanche laiteuse au point d’ulcère.

Symptôme. La muqueuse faisant la jonction entre l’œil et la paupière est inflammatoire et œdematiée, mais la cornée n'est pas touchée. ( © Ségolène Rodier)

Un autre motif d’appel, assez proche, peut être le carcinome de la 3e paupière. Il est d’origine génétique, plus fréquent en races montbéliarde et normande et le soleil en est un facteur favorisant. Il s’agit d’une tumeur qui peut grossir très vite. C’est un motif de réforme, réforme devant intervenir avant que ce soit ulcéré, abcédé, gros comme un ballon de foot et malodorant, parce que, bizarrement, ça passe mal à l’abattoir. De plus, c’est évidemment douloureux pour la vache. Donc n’attendez pas d’en arriver là. Certes, il peut se retirer chirurgicalement dans les stades précoces pour se donner le délai d’un peu plus de lait ou d’un vêlage, mais ça finit toujours pareil.

Il existe aussi des yeux gonflés qui sont en fait exorbités pour des raisons d’envahissement de la cavité orbitaire par d’autres tissus ou par traumatisme. Cela peut se traiter par énucléation (intervention chirurgicale qui vise à extraire complètement le globe oculaire). Les animaux récupèrent extrêmement bien lorsque c’est traumatique, moins bien si la cause sous-jacente est tumorale. Dans tous les cas, les affections oculaires sont très douloureuses et cela se voit sur la reprise d’état corporel qui remonte après énucléation.

Plusieurs signalements, ça interpelle !

Mais, cette fois, le motif d’appel est différent : il s’agit d’une sorte d’énorme conjonctivite, mais l’œil n’a pas de lésion. C’est la muqueuse faisant la jonction entre l’œil et la paupière qui est inflammatoire et œdématiée. Comme un chaton avec un coryza. Au tout début, les éleveurs remarquent que l’animal garde l’œil fermé, que toute la zone autour de l’œil est gonflée comme s’il y avait eu une piqûre d’insecte. Cela peut toucher un œil ou les deux et est aggravé par le soleil qui brûle la partie sortante.

Les appels concernent plutôt des animaux laitiers, génisses, vaches ou bœufs. Un à plusieurs individus sont touchés au sein d’une exploitation et suffisamment au sein de la clientèle pour que cela nous interpelle. Nous avons essayé différents traitements selon la gêne de l’animal avec des résultats constants : les symptômes passent en quelques jours à trois semaines, sans séquelles. Les traitements vont de rien du tout à des injections, en passant par des crèmes. L’administration locale de corticoïdes semble aider, les antibiotiques pas plus que ça, des antihistaminiques généraux non plus. Ce n’est pas une lésion habituelle. Elle ressemble à une réaction allergique locale, sans que nous sachions exactement à quoi elle est due. Étant donné la saisonnalité marquée, on recherche une cause environnementale : on se pose la question des chenilles laineuses du cerisier que l’on observe de plus en plus dans notre secteur et dont les poils sont urticants aux deux derniers stades larvaires. Mais on est surpris dans ce cas que la cornée ne soit pas ulcérée par les poils. On a lancé des appels à témoins auprès de nos confrères et d’ophtalmologues, sans grand succès… Ça ne doit quand même pas être que dans le Nord Mayenne ? Cet appel à témoins est donc maintenant pour nos lecteurs : avez-vous déjà rencontré ce genre de cas ? N’hésitez pas à nous contacter.

Contact : j.pezon@gfa.fr

Aperçu des marchés
Vaches, charolaises, U= France 7,05 €/kg net +0,06
Vaches, charolaises, R= France 6,92 €/kg net +0,08
Maïs Rendu Bordeaux Bordeaux 190 €/t =
Colza rendu Rouen Rouen 465 €/t +3

Météo
Philippe Bernhard à droite et Hervé Massot président et DG d'Alsace Lait

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