
Les pâtures bordées de bois sont des zones à risque, où les tiques peuvent transmettre des maladies qui nécessitent une prise en charge rapide.
Prenez un temps de mi-mai qui commence à se réchauffer. Puis, prenez un lot de 36 génisses montbéliardes avant IA, à l’herbe depuis trois semaines dans des prés du bocage mayennais. Lorsque l’éleveur les regroupe pour administrer des bolus de vermifuges et d’oligo-éléments, il remarque chez l’une d’elles des urines colorées de rouge. C’est le seul signe : son comportement est normal, sa température de 39,7 °C, avec un rumen qui tourne bien et des bouses de bonne consistance. Ici, ces symptômes sont connus et orientent vers un nouveau cas de piroplasmose. C’est le cinquième depuis 2016, jusque-là sur vaches adultes, mais toujours au mois de mai, dans des prés à risque bordés de bois et de haies. Nous décidons alors avec l’éleveur de prendre la température de tout le lot : huit animaux ont plus de 39,5 °C, certains 41 °C. Pourtant, rien dans leur comportement ou leur état ne les distingue et leur urine est claire. Une génisse est néanmoins prélevée pour un test PCR ehrlichiose, qui reviendra positif quelques jours plus tard.
Des « pissements de sang » caractéristiques
La génisse qui urinait rouge reçoit une injection d’imidocarbe et ne fera plus parler d’elle. La piroplasmose est une maladie transmise par les tiques qui se traduit cliniquement par des « pissements de sang ». C’est dû à la destruction des globules rouges par un petit parasite du sang, transmis au bovin par la tique. Souvent, l’animal présente en plus une diarrhée en corde et une forte température – autour de 40 °C –, qu’on ne retrouvait pas ici. Si la maladie évolue quelques jours, l’animal est abattu, la production laitière est en berne, les muqueuses deviennent blanches et la mort s’ensuit.
Avec une prise en charge précoce, l’injection d’imidocarbe est suffisante. Elle peut même être faite à titre préventif dans des situations à risque. Si la maladie progresse, la transfusion peut être nécessaire et un soutien doit être apporté au foie et aux reins. La maladie est plus fréquente au printemps et en automne et dépend de la météo. Elle est souvent associée à certaines zones rapidement identifiées par l’éleveur. C’est Ixodes ricinus le responsable de la transmission de Babesia divergens, l’agent de la piroplasmose. Mais toutes les Ixodes ne sont pas porteuses de ce parasite.
Les jeunes animaux s’immunisent par contacts successifs
L’ehrlichiose, quant à elle, est une maladie transmise par la même tique mais porteuse d’un autre parasite, Anaplasma phagocytophilum. Cette fois, les animaux présentent une forte hyperthermie, avec une chute de lait, parfois des œdèmes, des paturons et des signes respiratoires. Le traitement est à base d’oxytétracycline. L’ehrlichiose ne tue pas, mais fait avorter !
La première étape en vue d’une prise en charge est de savoir que ces maladies sont présentes et où elles apparaissent. Cela permet de mettre de jeunes animaux dans les pâtures à risque, car ils sont plus résistants et n’avorteront pas s’ils ne sont pas gestants au moment du premier contact : ici, deux des quatre vaches qui ont eu la piroplasmose sont mortes. L’immunité du troupeau est ensuite maintenue par les contacts successifs. Il ne s’agit donc pas de soustraire les animaux aux tiques mais de gérer l’infestation. Si des animaux sont achetés à l’extérieur (taureau, vaches pleines), gare à eux… La gestion des tiques sera primordiale via l’administration de produits anti-tiques ou d’imidocarbe.
Des tiques porteuses d’autres maladies
En clientèle, on note une progression des zones où on retrouve ces maladies. Or il faut garder à l’esprit que cette même tique peut être porteuse d’autres parasites responsables de plusieurs maladies (maladie de Lyme, tularémie, fièvre Q, bartonellose) chez plusieurs espèces (chats, chiens, chevaux, ovins, humains). Le même parasite peut aussi être transmis par d’autres espèces de tiques. Pour conclure, on rappellera que si vous avez une tique sur vous et si, dans les semaines qui suivent, apparaît une tache rouge qui s’étend comme une carte de géographie, appelez votre médecin ! Pour les humains, on craint la maladie de Lyme.
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