Un retrait de l’utérus à haut risque

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La vache présente une suture de césarienne.
La vache présente une suture de césarienne. (© J.Clément)

À la suite d’un vêlage qui n’a pas eu lieu du fait d’une torsion utérine ante-cervicale, un retrait de l’utérus a été effectué sur une vache pour qu’elle puisse achever sa lactation.

L’éleveur nous appelle pour une de ses vaches qui s’est préparée à vêler il y a trois ou quatre jours. Il ne s’est rien passé depuis et la vache ne va pas bien. Elle ne mange plus et a des symptômes de colique. Il y a forcément quelque chose qui cloche ! Nous arrivons sur place et elle est fouillée par voie vaginale. Le col est fermé. Et par voie rectale, les ligaments sont tendus. Cela évoque une torsion utérine ante-cervicale (avant le col de l’utérus).

Dans une torsion plus classique, en fouillant la vache par voie vaginale, on tombe d’abord sur la torsion avant même le col. Dans cette situation, il n’y a pas d’autres options que la césarienne ! En ouvrant, nous sortons un gros veau mort. Les muqueuses de l’utérus, au bord de la plaie d’incision, apparaissaient noires, signe d’un début de nécrose des tissus. En coupant plusieurs fois au scalpel cette muqueuse, histoire de vérifier cette hypothèse, aucun saignement ne se déclenche. Le tissu utérin est donc bien en train de se nécroser du fait de l’absence de vascularisation provoquée par la torsion. Il est donc préconisé à l’éleveur une amputation de l’utérus.

Un risque immédiat

Au mieux, la vache peut faire une lactation complète puis être engraissée. Au pire, elle est de toute façon condamnée car l’utérus va continuer à se nécroser avec un risque élevé de septicémie.

L’éleveur accepte le risque et nous commençons l’intervention. Deux garrots sont installés par sécurité au niveau de la torsion, en intervenant par la plaie de la césarienne. Entre la torsion qui fait déjà garrot, le premier et le deuxième, nous sommes relativement sûrs qu’il n’y aura pas d’hémorragie. Comme les deux artères utérines présentes à cet endroit sont des vaisseaux de gros calibre, l’hémorragie peut-être très rapide. L’utérus est retiré au scalpel. La vache reçoit des traitements antibiotiques comme pour une césarienne classique.

L'utérus a été retiré en entier. ( © J. Clément)

Dans cette situation, une intervention plus précoce (3-4 jours avant lorsque la vache a montré les premiers signes) aurait permis d’éviter le retrait de l’utérus.

Une chance de survie faible

Ce cas-là s’est heureusement bien terminé mais il faut bien être conscient que, en plus du retrait définitif de la reproduction, l’amputation de matrice reste une opération à haut risque. Elle est donc réservée aux cas les plus mal engagés. Concernant les facteurs de risque, dans cet élevage, il n’y avait pas eu d’autres torsions auparavant, donc il s’agissait vraisemblablement d’une torsion accidentelle. Lorsque plusieurs vaches sont atteintes de torsion dans un même élevage, signe d’une prévalence anormale de cette pathologie, il faut s’interroger sur une hypocalcémie subclinique des vaches autour du vêlage. Plus globalement, il faut retenir que la vache est prédisposée à la torsion utérine par son anatomie et ses modalités de changements d’attitudes (relever, coucher).

Des facteurs de risques semblent s’ajouter à cela comme le poids excessif des veaux, une stabulation entravée ou des facteurs génétiques (race), ainsi que les facteurs alimentaires précédemment évoqués.

Aperçu des marchés
Vaches, charolaises, U= France 7,05 €/kg net +0,06
Vaches, charolaises, R= France 6,92 €/kg net +0,08
Maïs Rendu Bordeaux Bordeaux 190 €/t =
Colza rendu Rouen Rouen 465 €/t +3

Météo
Philippe Bernhard à droite et Hervé Massot président et DG d'Alsace Lait

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