Un bolus peut provoquer des traumatismes dans le pharynx lors d’une mauvaise administration, comme les aimants.
Marguerite, vache prim’holstein de 5 ans et demi, présente une masse dans le haut de l’encolure, à gauche (région rétro-mandibulaire), raison pour laquelle elle voit le vétérinaire traitant. Un mois avant le vêlage, l’éleveur avait administré un bolus de monensin. En fin de tarissement, il avait noté également un essoufflement de Marguerite, sans fièvre, qu’il avait traité avec un antibiotique et un anti-inflammatoire. Tout était rentré dans l’ordre. Lorsque le vétérinaire la voit pour ce gonflement de l’encolure, qui mesure alors presque 15 cm de diamètre, l’état de Marguerite est plutôt bon. Haute productrice, en troisième lactation, après avoir vêlé deux mois avant, son début de lactation est correct, en dessous cependant de ce qu’elle produit habituellement (pic de lactation à 45 kg au lieu de 55 kg). Face au gonflement, souple au toucher, le vétérinaire suspecte plusieurs diagnostics : abcès, corps étranger ou goitre. Pour lutter contre ce dernier, un traitement à base d’iode est administré à la vache. Dix jours plus tard, la veille d’un concours, l’éleveur réadministre un bolus à base de propionate et d’amidon. Le lendemain, la vache tousse et du sang apparaît dans la bouche. Le gonflement n’a pas évolué malgré le traitement à l’iode et cette fois la vache présente de la fièvre. Un traitement à base d’antibiotique et de cortisone est mis en place. Mais, en quinze jours, Marguerite perd de l’état et sa production de lait est divisée par deux (22 kg au lieu des 45 attendus).
Un deuxième avis demandé chez Oniris
Un gonflement des veines jugulaires est aussi observé. La vache gémit, mais le gonflement originel, lui, a quasiment disparu. Pour autant le larynx est dur et douloureux à la palpation. À l’examen de la bouche, aucune anomalie n’est observée. L’ancien traitement à base d’antibiotique et d’anti-inflammatoire est donc remis en place. Sept jours plus tard, la vache semble aller mieux (plus de fièvre et reprise de poids), bien qu’elle garde une toux sèche et présente toujours un essoufflement modéré. Marguerite arrive donc au centre hospitalier universitaire de Nantes (Oniris), à l’époque où j’y travaillais*, pour que je la prenne en charge et donne un deuxième avis.

Après plusieurs examens (radiographie, échographies et endoscopies), le diagnostic tombe : Marguerite a un abcès pharyngé qui s’étend le long de l’encolure sur 15 cm et dont le point d’inoculation se situe à l’entrée de l’œsophage. L’origine la plus probable du traumatisme est bien l’administration du premier bolus, aggravé par la seconde. En effet, c’est l’unique cause rapportée, avec l’administration d’aimant, des traumatismes du pharynx. Le pronostic est alors réservé car il dépend de la rapidité du diagnostic. Un traitement chirurgical n’est pas recommandé ici au vu de la situation de l’abcès (position dorsale) et de la large diffusion de l’infection dans l’encolure. Un risque de pneumonie, par fausse déglutition et passage dans les poumons, est aussi présent.

Aussi la vache repart-elle avec un traitement antibiotique de vingt-et-un jours et des anti-inflammatoires durant cinq jours. Marguerite guérit avec une disparition du gonflement de l’encolure et elle retrouve son niveau de production. À l’avenir, elle sera exemptée d’injection intraveineuse dans la veine jugulaire gauche.
À noter que les traumatismes liés à des boli de calcium sont de très mauvais pronostics car les sels de calcium sont très agressifs et entraînent des nécroses sévères des tissus. Une bonne contention de l’animal et un matériel adéquat sécurisent l’administration de bolus. Par ailleurs, la réactivité de l’éleveur en cas d’anomalies observées quelques jours après, avec une prise en charge rapide du problème, reste primordiale.
(*) Nicolas Masset a quitté Oniris en 2022.
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