« Je peux transformer mon étable à génisses pour loger les vaches »

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Julien Baslé s'est installé en Gaec avec sa mère Maryline et son père Eddy en 2023. L'agrandissement du troupeau a justifié la construction d'un nouveau bâtiment. (©P.Le Cann)

Dès son installation en 2023 avec ses parents, Julien Baslé a construit un bâtiment neuf très évolutif pour les génisses et les taries. Tout est prévu pour y aménager des logettes et un robot de traite, voire pour l’agrandir.

Installé avec ses parents en janvier 2023 à Bais, en Ille-et-Vilaine, Julien Baslé a soigneusement préparé son arrivée avec eux. « Mes parents produisaient 530 000 l de lait et je savais que j’obtiendrai 150 000 l supplémentaires en m’installant », raconte le jeune éleveur. Pour éviter de devoir acheter des vaches, ses parents, Maryline et Eddy, ont anticipé en effectuant toutes les inséminations en race holstein. Ils ont eu la chance de voir naître de nombreuses génisses et, progressivement, l’effectif a gagné 17 vaches laitières issues du troupeau. La productivité a augmenté à 8 700 l par vache. Il s’agit d’un objectif pour limiter la taille du troupeau.

Le bâtiment est devenu trop exigu pour héberger tout le monde. Aménagé en aire paillée, il peut difficilement être transformé pour installer des logettes. « Il fait 15 mètres de large. Si on y met des logettes, les couloirs seront trop étroits », précise Maryline. Construit en 1993 et situé sur une butte, il a déjà été rallongé en 2014. L’agrandir encore supposait de détruire la fumière située dans son prolongement, et donc d’en construire une autre. En outre, il fallait gérer un dénivelé important qui aurait généré des surcoûts. Cette idée a dès lors été abandonnée.

Le bâtiment est entièrement habillé en bardage de bois pour protéger la table d'alimentation au nord et le stockage de la paille au sud. (© P.Le Cann)

Le relief complique le choix d’implantation

Les éleveurs ont réfléchi à la construction d’un nouveau bâtiment et ont étudié son emplacement. Il fallait qu’il soit proche du premier pour faciliter le travail et la surveillance des animaux, mais à au moins 100 mètres de l’habitation d’un voisin. La localisation devait aussi tenir compte de la pente pour limiter les travaux de terrassement, le dénivelé pouvant atteindre jusqu’à 1,80 mètre selon le lieu d’implantation.

L’aire paillée, d’une profondeur de 8,5 mètres, est divisée en quatre cases de 83 mètres carrés. Elles sont séparées par des barrières qui se composent de deux éléments, fixés aux extrémités, et de tubes en galva enquillés dans les tubulures pour faire la jonction. Il n’y a donc pas de poteaux intermédiaires. Ceci facilite beaucoup le curage car il suffit d’ouvrir toutes les barrières pour rendre l’ensemble de l’aire paillée en libre d’accès. (© P.Le Cann)

Le projet devait en outre répondre à une problématique de manque de stockage, notamment pour la paille. L’ancien bâtiment fonctionne bien, mais la charge de travail est relativement élevée. L’arrivée de Julien a permis à chacun d’être libre un week-end sur deux. Maryline et Eddy apprécient de pouvoir ainsi lever le pied régulièrement. La salle de traite, construite en 1996 et rénovée en 2016 pour passer à 2 x 6 postes avec un décrochage automatique, peut encore tenir. À deux, les éleveurs y consacrent une heure quarante-cinq le matin et une heure quinze le soir. Il faut compter quinze minutes de plus pour une personne seule. « La traite nous prend du temps mais on doit raisonner les investissements. » Agrandir la salle de traite était compliqué et coûteux.

Un espace de stockage de paille est aménagé sur toute la longueur du bâtiment au fond de l’aire paillée. Des cornadis ont été installés sur une partie de cette longueur dans chaque box. Cet espace de 3m de large est prévu pour être aménageable en logettes. Par ailleurs, des translucides ont été posés uniquement sur le pan de toiture exposé au nord. (© P.Le Cann)

L’évolution du Gaec était également au cœur de la réflexion sur le bâtiment. Maryline et Eddy devraient partir à la retraite dans sept ans. Julien ne sait pas encore comment il s’adaptera et veut par conséquent garder ouvertes toutes les options : nouvel associé, salarié, robot de traite, etc.

Envisager toutes les évolutions possibles

Finalement, les éleveurs se sont orientés vers la construction d’un bâtiment neuf pour les génisses et les taries, au plus près de l’ancien. Ils y ont prévu un espace de stockage pour la paille et surtout, ils l’ont conçu afin qu’il puisse évoluer facilement vers une étable pour les vaches en production, avec logettes et robot de traite. La réflexion et le projet ont été menés avec Tecmatel, bureau d’études d’Eilyps.

La fosse à lisier (1500 mètres cubes utiles) a été aménagée dans le prolongement du bâtiment à une distance de 10 mètres. (© P.Le Cann)

Les dimensions de l’aire paillée ont été choisies de façon à pouvoir facilement la transformer en logettes. Un mur a été construit aux deux extrémités sur la largeur prévue de l’emplacement des logettes. De même, le couloir de paillage a la taille requise pour y installer une rangée de logettes. « Ces aménagements permettraient de loger 60 à 70 vaches, on a 76 places aux cornadis. Avec un robot de traite et en supprimant le pâturage, je pourrais produire 700 000 l de lait seul », calcule Julien. Les génisses et les taries seraient alors logées dans l’ancien bâtiment. Un agrandissement du nouveau serait sans doute nécessaire pour installer le robot et la laiterie. L’implantation en tient compte, il est aisé d’ajouter deux travées de 8 mètres. « Dans un premier temps, on a préféré dimensionner le bâtiment pour nos besoins actuels », souligne Julien. Le robot de traite pourrait aussi être installé dans l’ancien bâtiment. « Tout est possible », insiste-t-il.

Le jeune éleveur a fait faire les premiers devis en 2021 – soit avant son installation – pour réfléchir au projet. Le Gaec a mis les banques en concurrence et estime avoir obtenu des taux intéressants. Il a privilégié les entreprises qu’il connaissait pour réduire les coûts et avoir plus de chances qu’elles se rendent disponibles pour effectuer les travaux dans les temps. Mais, les devis n’étaient plus valables en 2023, le prix du béton, par exemple, ayant doublé. Il a fallu les refaire.

L’accès à l’aire paillée est partiellement fermé par une glissière d’autoroute le long de laquelle sont fixés les abreuvoirs. Grâce à une barrière, l’éleveur peut facilement enfermer les animaux sur l’aire paillée et ainsi libérer le couloir d’exercice sur toute sa longueur. Le raclage se fait avec un télescopique. (© P.Le Cann)

Réduire les coûts grâce à l’autoconstruction

Les éleveurs ont réalisé eux-mêmes une partie des travaux pour réduire le coût. Ils ont cherché des bâtiments à démonter pour récupérer des matériaux. Ainsi, les supports de bardage sont d’occasion. Les éleveurs ont posé eux-mêmes les bardages des côtés nord et sud et ont travaillé avec un charpentier pour les pignons est et ouest. Ils ont acheté des tubes et des tôles et c’est Eddy, qui maîtrise la soudure, qui a construit les portes. Le terrassement et la maçonnerie ont été réalisés par l’entreprise Renou et la charpente par l’entreprise Sébastien Houdemond.

Le bâtiment est complètement fermé par du bardage en bois. La table d’alimentation est située sur le côté nord et doit donc être protégée des intempéries. Côté sud, le stockage de paille a lui aussi besoin d’être protégé, de même que les animaux en été. Des translucides ont été posés uniquement sur la toiture exposée au nord. Il n’y en a pas au-dessus de la zone de couchage. Cela suffit pour donner une bonne luminosité.

Agrandir le vieux bâtiment impliquait de détruire la fumière. En effet, toute extension est impossible de l’autre côté en raison de la présence d’habitations. (© P.Le Cann)

Les travaux ont démarré en avril 2023 et se sont achevés à la mi-juillet. Il reste à aménager le box à vêlage. Les éleveurs envisagent aussi de fermer le bâtiment aux extrémités de la table d’alimentation. Il arrive que l’eau y pénètre. La localisation permet aux génisses d’avoir un accès libre au pâturage pendant la saison. Les taries ne sortent pas.

Au final, l’ensemble, bâtiment et fosse, a coûté 219 000 € et le Gaec devrait toucher une aide de 60 000 € au titre du programme Agri Invest de la Région Bretagne.

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Aperçu des marchés
Vaches, charolaises, U= France 7,3 €/kg net +0,07
Vaches, charolaises, R= France 7,11 €/kg net +0,05
Maïs Rendu Bordeaux Bordeaux 190 €/t =
Colza rendu Rouen Rouen 465 €/t +3

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