Dans leur petite ferme de montagne, Agnès Thiard et Baptiste Vialet reçoivent régulièrement des mineurs suivis par la justice.
On peut avoir commis un braquage et dormir avec un doudou. Être aussi bon dealer que vendeur de fromages fermiers. Jouer au caïd dans sa cité mais construire des cabanes dans les bois. À la ferme de Baumugnes, dans les Hautes-Alpes, les jeunes envoyés par la protection judiciaire de la jeunesse (PJJ) révèlent un autre visage. L’un d’eux aimait parler aux vaches. À la boutade : « Et elles te répondent ? », le môme a rétorqué sans rire : « Non, elles m’écoutent. »
Des jeunes abîmés et assoiffés de considération, Agnès Thiard et Baptiste Vialet en ont accueilli des dizaines. Dans la petite ferme de montagne où le couple vit principalement de la transformation du lait de vingt vaches tarines, les repères de la ville n’existent plus. Les jeunes perdent leur façade.
Ceci étant, « les problématiques des cités ne sont pas si différentes des nôtres, tempère Baptiste. Les déserts médicaux, les collèges sans profs, on connaît. Et il y a aussi des jeunes ruraux qui font des bêtises… » Cet éleveur a débuté dans l’accueil social, « sans faire exprès », d’abord auprès de proches en difficulté, puis de jeunes envoyés par diverses structures. Depuis trois ans, cet engagement s’est formalisé avec la mise en place d’un réseau d’une dizaine de familles paysannes prêtes à accueillir des jeunes de 13 à 18 ans suivis par la PJJ. La durée de séjour va d’une demi-journée à deux semaines.
Une parenthèse dans leur vie
« Si un jeune a besoin de s’extraire quelque temps de son foyer, on contacte une famille. Si elle est d’accord, le juge fait une ordonnance de placement, détaille Clémentine Brunet, directrice de la PJJ des Hautes-Alpes. C’est une parenthèse qui fait retomber la pression et montre aux jeunes ce qui existe hors de leur univers. »
Les profils sont sélectionnés avec soin. « Ils restent des ados capables de faire des bêtises, mais ils ont généralement un grand respect pour nous, témoigne Agnès. Parfois, ils se fixent de tout petits objectifs, comme se lever tous les matins parce qu’ils projettent d’entrer ensuite en formation. D’autres ont juste besoin de décompresser : on les laisse tranquilles tout en les intégrant à notre vie. Et on les valorise en leur confiant de petites missions, comme vendre des fromages ou conduire un tracteur. »
Leur dossier n’est pas communiqué aux hôtes. « Mais, souvent, ils nous font des confidences, reprend Baptiste. Leur structure familiale a explosé. Ils ont vu ou fait des choses traumatisantes et ont besoin de parler. » Éprouvant sur le plan émotionnel, l’accueil est également chronophage. « Ces jeunes ont besoin qu’on leur consacre du temps, insiste Agnès. Avec eux, pas question de manger sur le pouce : on partage de vrais repas. » À leur retour, certains ont raconté à leur éducateur leur joie d’avoir « mangé à table en famille » pour la première fois depuis des années…
La famille accueillante est indemnisée à hauteur de 45 € par jour, auxquels s’ajoutent 15 € si une activité est proposée. Avant son séjour, le jeune vient la rencontrer à la ferme avec un éducateur. Aucune compétence particulière n’est demandée. « On ne cherche pas des professionnels de l’éducation mais des personnes disponibles et tolérantes, ayant la capacité matérielle et l’envie d’accueillir ces jeunes », clarifie Clémentine Brunet. Un soutien psychologique est possible et les services de la PJJ restent joignables 24 heures/24 et 7 jours/7.
Après leur départ, certains jeunes donnent des nouvelles à Agnès et Baptiste, d’autres non. « On sait que leur parcours restera chaotique, confient les éleveurs. On espère juste avoir semé une petite graine. »
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