Lactips change le lait en plastique

«Le plastique, c’est fantastique », disait la chanson. Le lait, encore plus ! De 33 kg de lait, on peut extraire 1 kg de caséine. Et, avec cette protéine, on peut fabriquer… du plastique ! C’est le pari de l’entreprise française Lactips, installée dans la Loire depuis 2014. « Avec de la caséine, des extraits végétaux et de l’eau, nous fabriquons le CareTips^®, un granulé thermoplastique qui peut être transformé industriellement pour diverses applications », présente Flavie Bancel, responsable du développement chez Lactips. Fondu, gonflé, extrudé ou encore injecté, ce granulé servira à fabriquer de petits objets plastiques, des films, des étiquettes adhésives, ou à enduire et sceller des papiers d’emballage. Valorisant un coproduit de l’industrie laitière, le procédé de fabrication du granulé ne génère lui-même ni coproduit ni déchet.

En plus d’être biosourcé (issu d’une matière première naturelle et renouvelable), il est biodégradable, c’est-à-dire capable de se désintégrer rapidement et proprement dans la nature. Deux caractéristiques qui ne vont pas toujours de pair : certains « bioplastiques » issus de végétaux ne se dégradent qu’au bout de longues années.

Solution d’emballage biosourcé

« Sa particularité est d’être soluble dans l’eau, même froide, reprend Flavie Bancel. Le CareTips est désintégré à 100 % en quinze jours et bio-assimilé à 98 % en vingt-huit jours. Il peut être mélangé à d’autres bioplastiques afin de réduire leur temps de dégradation de quelques années à quelques mois. Enduit sur des emballages papiers, il permet un recyclage plus efficace et non polluant : il ne laissera pas de résidu dans les eaux de recyclage et le rendement en fibres sera de 100 %. »

Classé comme un matériau naturel, « il ne tombe pas sous le coup des réglementations contraignantes sur les plastiques », abonde son collègue Bernard Davroux. Un atout pour les industries agroalimentaires à la recherche de solutions d’emballage écologiques faisant barrière aux gaz et aux graisses.

Attention, cependant, prévient Flavie Bancel : « Son caractère hydrosoluble oblige à le réserver à des produits secs ou gras comme les confiseries, le chocolat, les biscuits apéritifs, les tisanes… » Dans le secteur des boissons, Lactips travaille avec des partenaires sur des étiquettes adhésives hydrosolubles, afin de favoriser le lavage pour le réemploi des bouteilles en verre. La solution Lactips permet aussi d’avoir des emballages zéro plastique imperméables aux gaz et aux graisses, adaptés aux produits secs et/ou gras.

Pour l’entreprise, 2021 a marqué un tournant avec l’inauguration d’une nouvelle usine, en phase avec ses perspectives de croissance. Sur ce site de 2 500 m² travaillent plus d’une cinquantaine de collaborateurs et l’équipe est appelée à s’accroître. Lactips projette en effet de passer d’une production actuelle de 1 500 tonnes de granulés par an à 10 000 tonnes à terme. L’internationalisation est en marche, avec un ciblage sur le marché nord-américain en 2024 et l’Asie du Sud-Est en 2025-2026. Pour tout cela, Lactips peut compter sur une matière première locale, naturelle et disponible.