Mireille Cadiou milite pour que les agriculteurs en difficultés ne soient plus montrés du doigt mais accompagnés dignement. Avec l'Atex, l'Eure dispose d'un outil efficace.
«Une cinquantaine d'exploitants touchent le RMI, par dérogation. Avec les nouvelles dispositions du RSA, 275 non-salariés agricoles pourraient être concernés, indique Mireille Cadiou, ajoutant : le milieu agricole refuse de voir cette réalité en face, tant l'échec professionnel est un sujet tabou. » Ce n'est pas le cas de la présidente de l'Association pour l'appui technique et économique des exploitations, l'Atex, créée en 1983, à l'initiative de Jean-François Hervieu et des OPA de l'Eure. Ils en ont plus de 500 en suivi. Au-delà des épizooties successives, des crises de l'aviculture, aujourd'hui celle du lait, qui peut se dire à l'abri d'erreurs techniques, de gestion, ou d'une maladie, d'un divorce ? Les situations souvent s'enlisent dans l'indifférence, voire l'appétit de voisins « vautours ». Au pays de Maupassant, le non-dit fait encore loi.
OSER DIRE
Mireille combat la stigmatisation de ceux qui ont poussé la porte de l'Atex. « Non, il n'y a pas de honte à demander de l'aide pour s'en sortir », lance-t-elle. Le social est sa corde sensible, une part d'héritage familial : une enfance en banlieue parisienne, des parents ouvriers, un père chatouilleux sur la sécurité au travail… Agricultrice, fière de l'être, elle accepte la dureté du métier – « ni plus ni moins qu'un autre » – en savoure les bonheurs, s'autorise le yoga ou la piscine, et assume avec conviction ses engagements professionnels, sans ambition personnelle. Sa devise : « Au lieu de râler, il faut agir. » et ne pas jouer l'autruche. Les maux de la société touchent tous les secteurs.
SANS ATTENDRE
Les conseillers de l'Atex – trois femmes et un homme – interviennent sur demande. À partir d'un diagnostic technique économique et humain, ils proposent un plan d'action sur la durée. Il leur faut allier écoute, compétences techniques et qualités de négociateurs pour gérer les relations avec les créanciers. « Souvent, les personnes ignorent les aides auxquelles elles ont droit, pensant qu'elles n'existent que pour les salariés », déplore Mireille qui souligne l'importance du travail en réseau, notamment avec l'assistante sociale de la MSA. C'est l'occasion de rappeler la complémentarité du tandem qu'elle forme avec Gérard Dubuisson, son vice-président, céréalier près d'Évreux. « Notre souci est de détecter des situations souvent signalées trop tard. Les personnes sont alors moralement plus fragiles », explique-t-elle, particulièrement attentive aux jeunes récemment installés.
REBONDIR
Restaurer la confiance, voilà l'enjeu. 60 % des dossiers suivis par l'Atex ont eu une issue favorable : situation redressée ou cessation d'activité, voire reconversion. « Et ce n'est pas trahir notre mission ni déchoir que de ne plus être agriculteur, de chercher un travail ailleurs », affirme Mireille.
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