L'ultrafrais français reste à la peine. En août, il enregistre un recul de 2,1 % en volumes et de 1,4 % en valeur. sur les douze derniers mois. La crise économique qui touche bon nombre de Français, la dizaine d'industriels français positionnés sur ce marché et la guerre des prix que se livrent les enseignes de distribution créent cette spirale à la baisse (voir aussi p. 109). « En cette rentrée de septembre, le marché est pourri », lâche Christophe Levavasseur, président des Maîtres Laitiers du Cotentin (825 producteurs pour 372 Ml dans la Manche). Spécialisée en produits frais avec 70 % de son chiffre d'affaires en GMS sous MDD, la coopérative manchoise enregistre, pour la première fois depuis trente-cinq ans, un déficit de 2,2 M€ sur mars 2013-2014. Son CA de 316,7 M€, lui, progresse de 17,2 M€. « L'action du médiateur a permis d'obtenir des hausses tarifaires de 2 à 2,5 % mi-2013 et en début d'année, mais il aurait fallu 5 % pour couvrir la hausse du prix du lait et des autres charges », complète Jean-François Fortin, le directeur. Sans compter les marchés laissés pour éviter de vendre à perte. « Ils ont été repris par des concurrents », soupire-t-il.
Dans le même temps, soutenue par un prix du lait au beau fixe, la collecte a progressé de 17 Ml payés 48,73 €/1 000 l de plus qu'en 2012-2013 (prix moyen de 391,78 € contre 343,42 €). « Il a fallu les transformer et les stocker en fromages et beurres pour un coût supplémentaire de 6 M€ ou les vendre en concentrés de lait. » Dans ce contexte tendu, la filiale de distribution en restauration hors domicile France Frais (un réseau de 110 entreprises) joue à plein son rôle de diversification. Le groupe MLC réalise un bénéfice de 810 000 € contre 9,3 M€ en 2012-2013. « Cet écart est strictement imputable à la maison-mère, France Frais ayant encore amélioré ses résultats. »
Le prix du lait indexé sur les cotations mondiales beurre-poudre fait-il regretter le choix du quasi 100 % produits frais ? « Non, répond Christophe Levavasseur. Nous travaillons sur dix ans. Il faut garder une certaine sérénité, d'autant plus que ces marchés peuvent se retourner rapidement. C'est le cas actuellement. »
La porte de sortie avec le grand export
MLC assure à ses adhérents qu'elle sera au moins à l'équilibre en 2014-2015. Elle s'est déconnectée des indicateurs du prix du lait et vise en 2014 un prix moyen en 38/32 de 360 €/1 000 l. Plus que jamais, elle s'appuie sur son premier client France Frais (28 % des fabrications) qui étend son réseau de distribution à la Belgique, le Luxembourg et, bientôt, à l'Allemagne, l'Italie et l'Espagne. De quoi élargir le périmètre commercial de la coopérative. Son véritable projet porte sur le grand export. « Le dossier sur lequel nous travaillons devrait aboutir en 2015-2016. Il nécessite un repositionnement de nos trois sites industriels et apportera d'importants litrages », indique le président, sans plus de précisions. Le rapprochement industriel avec Agrial-Senagral évoqué ces derniers mois devrait déboucher sur du travail à façon. « Nous tenons à notre indépendance. »
CLAIRE HUE
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