Après trente ans de quotas, c'est une petite révolution qui s'annonce pour la filière laitière : la fin d'une gestion des volumes négociée entre les pouvoirs publics et la profession. Et la FNPL a pris la mesure du risque très lourd qui menace les éleveurs : que les entreprises de transformation décident seules désormais sur quels territoires et pour quels volumes l'activité laitière existera. Le président Thierry Roquefeuil l'avait annoncé lors de l'assemblée générale de Pontarlier (Doubs) : un pacte laitier doit être signé par tous les acteurs, pouvoirs publics compris, « pour faire réussir la filière laitière française... Car nous croyons à une dynamique après 2015. La fin des quotas peut être positive, à condition de faire preuve de responsabilité ».
L'ambition de la FNPL est de créer un observatoire des volumes « sur le modèle de celui des prix mis en place depuis un an ». L'objectif est double : ne pas laisser la main aux entreprises pour décider qui sera collecté demain ; mais aussi provoquer la mobilité des producteurs face à leur entreprise. « La contractualisation ne doit pas être l'outil du transformateur pour s'attacher des producteurs. Il faut fluidifier cela et permettre aux éleveurs d'aller vers le mieux-disant s'ils le souhaitent. Créer de la dynamique dans notre filière passe par cette urgente nécessité. »
Un fonds d'investissement
De ce pacte qui engagera l'État, la FNPL attend aussi quelques mesures fortes : une simplification administrative, une fiscalité incitative et des aides à la modernisation conséquentes. Sur ce dernier point, les syndicalistes laitiers lorgnent sur l'enveloppe des 200 millions d'euros (M€) du plan de compétitivité qui sera gérée par les régions. « Nous aurons besoin d'un minimum de 800 millions d'euros pour reloger les animaux dans les prochaines années, dont 250 M€pour moderniser les blocs de traite. Ajoutons à cela que les producteurs laitiers perdront 100 M€ de soutien (sur un total de 2,1 milliards d'euros) avec la nouvelle Pac, nous sommes la seule filière animale qui voit ses soutiens diminuer.
Dès lors, nous demandons au moins 50 % de l'enveloppe, soit 100 M€. Disperser ces fonds sur toutes les filières animales serait une erreur stratégique pour les régions, car la dynamique laitière sera créatrice d'emplois. »
C'est justement au niveau des neuf conférences de bassins que la FNPL entend initier son pacte. Elles ont le mérite de réunir tous les acteurs de la filière, y compris la grande distribution, pour dresser un état des forces et faiblesses régionales de façon à pouvoir accompagner les projets et conserver une dynamique laitière. Stéphane Le Foll a donné son feu vert à cette initiative. Les propositions des bassins devront s'exprimer avant mi-septembre pour un pacte signé fin novembre. « Ne ratons pas la marche de l'après-quotas. Si tous les acteurs de la filière se mobilisent, avec le soutien des pouvoirs publics, une nouvelle dynamique économique est possible. Il faut libérer les initiatives. Pour cela, les éleveurs ont besoin de signes forts. Dans le cas contraire, beaucoup se tourneront vers des productions végétales », avertit Thierry Roquefeuil.
DOMINIQUE GRÉMY
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