Bilan 2013 en demi-teinte pour les exploitations spécialisées lait. Dans la Manche, premier département laitier, la double conjoncture laitière « prix-volume » favorable est grignotée par le recul des produits viande et céréales de 5 000 €. Côté charges, l'année fourragère délicate et la hausse du prix des aliments pèsent sur les charges opérationnelles (voir ci-contre), avec un accroissement du poste aliments de 11 %. « Avec 374,11 €/1 000 l en moyenne sur les clôtures comptables de décembre 2013, le prix du lait n'a jamais été aussi haut cette décennie, rappelle Xavier Beaufils, de CERFrance Manche. Il génère une hausse du chiffre d'affaires de 10 000 €. Les 4,3 % de lait livré en plus par rapport à 2012 se traduisent par un supplément de 6 000 €. » Au final, l'EBE progresse légèrement, tout comme le revenu disponible qui atteint 29 100 € (16 830 €/UTAF). « Malgré tout, le déficit de trésorerie de 2012 perdure. Les producteurs ont contracté des prêts à court terme à hauteur de 10 000€. » Heureusement, l'année 2014 s'annonce sous de meilleurs auspices. Le contexte fourrager et des intrants est plus favorable tandis que le prix du lait continue d'augmenter. Selon le centre de gestion, il flirtera avec les 400 €/1 000 l (370 € de prix de base + 30 € de qualité). Du jamais vu ! « Cela permettra de reconstituer les trésoreries. Les plus performants devraient pouvoir se créer un trésor de guerre. »
15 % en situation délicate
Une de leurs clés est leur capacité à livrer plus de lait quand leur laiterie le demande (100 000 l de plus que la moyenne en 2013). Dans une dynamique d'agrandissement ces dernières années, certains n'hésitent pas à produire jusqu'à 10 ou 11 % de rallonge de quotas. Et les moins performants ? « Par manque de maîtrise technique et défaut de trésorerie, ils auront du mal à redresser la barre en 2014 », répond Xavier Beaufils. Leur prix d'équilibre après prélèvements privés et annuités s'élève à 419 €/1 000 l contre 373 € pour le groupe. Le CER évalue le nombre d'exploitations en situation difficile entre 600 et 700 (15 %). Elle se traduit par des dettes fournisseurs de 100 000 €. Après la crise de 2009, leur importance était estimée à 20 %. « Depuis, certains sont partis à la retraite, d'autres ont confié leur lait à une SCL. »
CLAIRE HUE
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