Votre OP est agréée depuis le 13 juillet 2013. Quel bilan faites-vous de cette première année ?
Denis Berranger :Nous défendons la gestion des volumes par les producteurs et la fixation du prix du lait à partir de la méthode Cniel. Ce n'est possible que si nous fédérons le maximum de producteurs. Ce premier objectif est atteint. L'OP Cleps-Ouest compte 787 adhérents pour 281 Ml sur les 906 d'Ille-et-Vilaine et Manche qui approvisionnent le site CLE-Bongrain de Saint-Brice-en-Coglès.
Sylvain Desgranges : Dès les premières discussions en 2011, le groupe a accepté de confier la gestion des volumes aux douze OP Bongrain créées en France, avec la possibilité d'une mutualisation nationale de leur sous-réalisation. Ce ne sont donc plus les producteurs qui sont en prise directe avec l'entreprise, mais l'OP qui s'engage à livrer son droit à produire. En 2013-2014, grâce à cette mutualisation, notre OP a livré 285 Ml.
Le dépassement de l'OP montre l'envie des éleveurs bretons et bas-normands de produire plus après 2015...
D.B. : Un certain nombre demande que les volumes produits en plus soient « durcis ». Ils ne seraient pas intégrés aux références individuelles, mais à celles de l'OP. Après les quotas, l'idée est de créer une réserve gratuite, y compris à partir des arrêts, pour une redistribution à ceux qui en font la demande. C'est en réflexion. Il ne faut pas oublier que ce sont les sous-réalisations des autres régions qui nous permettent de produire plus. Quel sera leur niveau en 2014-2015 ? Bilan fin mars.
S.D. : Cette réflexion sera menée avec l'entreprise pour être en phase avec le marché. De plus, le « durcissement » de ces volumes engage l'OP à les livrer. Cela nécessite de connaître les projets des adhérents. Un questionnaire sur leurs intentions va leur être envoyé en juin. À l'automne, nous présenterons un projet d'attribution des volumes. Plus globalement, il faut que les producteurs prennent l'habitude d'informer l'OP et Bongrain de tout changement : arrêt, modification du statut juridique, projet de développement. L'OP veut être réactive. L'outil de prévision de production, que finalise pour septembre France Conseil Élevage, l'y aidera. Ce partenariat étendu aux 12 OP permettra d'établir des prévisions nationales et ainsi de mieux négocier les volumes avec Bongrain après 2015.
Le lissage appliqué par Bongrain en février et mars ne marque-t-il pas la limite de votre capacité à négocier ?
S.D. :L'OP Cleps-Ouest s'est prononcée contre ce lissage. Face à la position ferme de Bongrain, elle a seulement pu négocier les conditions de remboursement. Les 20 €/1 000 l prélevés en février et mars seront rendus à l'euro près. Nous avons obtenu qu'ils ne soient pas intégrés au prix de base pour ne pas perturber le calcul des indices de marché auxquels nous sommes attachés et qui figurent dans le contrat. Bongrain a versé en moyenne 387 €/1 000 l de prix de base France au premier trimestre et annonce 355 €/1 000 l pour le deuxième. Nous avons l'assurance du respect des indicateurs jusqu'au 30 juin 2014.
Quels moyens de pression avez-vous en cas de non-respect des indicateurs?
D.B. : Nous activerons la clause de sauvegarde du contrat. De plus, la relation avec Bongrain est bonne, mais nous ne gérerons pas avec autant de motivation les volumes. Nous sommes conscients que coopératives et privés s'éloignent de la méthode Cniel, ce qui complique les comparaisons et peut donner des prétextes pour ne pas payer le lait au niveau voulu. Cette évolution complique aussi les échanges avec les producteurs des autres OP et coopératives. Les OP sont les seules habilitées à parler prix et volumes, mais elles ne siègent pas aux Criel et conférences de bassin. Nous sommes preneurs d'un lieu de discussion où tout le monde se retrouve.
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