Un prix du lait en hausse de 30 % sur dix ans pour atteindre, en moyenne, 460 €/1 000 l en 2013 : les producteurs des 140 fruitières du Doubs et du Jura vivent sur un nuage. Leurs outils aussi. En 2013, ces coopératives ont dégagé un résultat moyen de 25 €/1 000 l mis en réserve ou ristournés. Derrière ce prix de lait motivant, il y a toute la réussite de l'AOC comté dont ses coopératives villageoises assurent 80 % de la production. Elle tient pour beaucoup à l'approche collective qui prévaut depuis des décennies dans cette filière entre producteurs de lait, fromageries coopératives et affineurs. Sans cette dynamique collective, il n'y aurait jamais eu de MPN (moyenne pondérée nationale), outil transparent et synonyme d'une juste répartition de la valeur ajoutée entre les acteurs. La MPN est une mercuriale mensuelle qui traduit la valorisation du comté dans les circuits de distribution par les metteurs en marché, les affineurs. Elle est établie d'après leur déclaration volontaire à l'interprofession sur les prix et les tonnages vendus. C'est cette MPN qui sert de référence à la vente des comtés sortis des fromageries et de baromètre au prix du lait qui la suit comme son ombre (voir infographie).
Sans cet esprit de consensus entre les acteurs, le comté n'aurait jamais non plus conduit avec succès ses plans de campagne, synonymes de maîtrise de la production en adéquation au marché et de prévention des crises. Et pour cause : ces plans ont toujours eu comme contrepartie d'accepter des volumes de comté supplémentaires, ce qui certaines années a signifié pour les producteurs historiques de réduire leurs droits à produire pour entrouvrir les portes à de nouveaux producteurs ou conforter des JA...
Soixante projets d'investissement des coopératives
La fin des quotas va mettre à rude épreuve tous ces fondamentaux du comté. La possibilité de régulation accordée par Bruxelles aux AOC pour leur production de fromages, mais pas de lait, ouvre de fait la porte à des démarches individuelles. Et cela tant au niveau des exploitations que des coopératives ou des affineurs qui, tous, ont beaucoup investi dans leurs outils ces dernières années. De 2007 à 2013, on recense, côté coopératives, pas moins de soixante projets pour un total de 65 M€. Ces projets vont de pair avec des capacités de transformation augmentées. Pas forcément d'ailleurs pour produire beaucoup plus de comté, mais des copies ou du morbier, autre AOC du massif du Jura qui, elle, ne bénéficie pas d'un plan de régulation.
Pas étonnant dans ce contexte que la dernière AG des coopératives du Doubs et du Jura, début avril, ait eu comme thème : « Entre individu et collectif dans nos fruitières, faut-il choisir ? ». Témoins du jour, la coopérative du sel de Guérande et la coopérative Jeune Montagne, productrice de Laguiole, ont rappelé à 450 coopérateurs franc-comtois à quel point un producteur seul ne pesait pas grand-chose et un groupe permettait de soulever des montagnes. « Entre intérêt collectif et individuel, nous devrons trouver le bon équilibre, être raisonnable pour éviter les à-coups et digérer notre développement progressivement », note Alain Mathieu, président des coopératives du Jura.
JEAN-MICHEL VOCORET
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