La prévision de collecte devient un enjeu majeur pour les coopératives soucieuses d'accompagner les souhaits de développement de leurs adhérents. De l'amplitude de la hausse des livraisons dépendent les besoins en capacité de transformation, et donc d'éventuels investissements. Mais les stratégies des éleveurs jouent aussi sur les besoins en aliments, en conseils techniques, sur l'activité des abattoirs des gros bovins...
Or, les résultats des enquêtes semblent très dépendants du contexte économique du moment. La prévision se révèle donc assez difficile à établir de manière fiable. Directeur du service production lait chez Terrena, Pierre Demerle explique l'enjeu pour sa coopérative : « Le projet d'entreprise est lié aux attentes des adhérents, aux opportunités de marché, et à la capacité de nos outils industriels, en volume et en qualité. » Pour trouver la meilleure adéquation entre ces trois éléments, la laiterie doit pouvoir bien les évaluer :
« Nous avons conduit une étude pour connaître les intentions de production de nos adhérents à l'horizon 2020. Nous voulions aussi savoir quels étaient les facteurs limitants sur les exploitations, et évaluer la compréhension de notre projet d'entreprise sur le terrain. » L'entreprise a utilisé trois manières différentes pour obtenir les réponses. C'est ce qui fait l'originalité de sa démarche. Les techniciens ont répondu à une enquête concernant leur appréciation du niveau prévisible de collecte sur leur secteur en 2020. Un questionnaire a été adressé directement aux éleveurs. Enfin, des étudiants de l'Esa d'Angers ont réalisé 250 entretiens directs avec des éleveurs de l'ensemble du bassin de collecte de Laïta. « Les résultats des différentes sources sont cohérents », précise Pierre Demerle. Chez Terrena, le taux de retour des questionnaires envoyés aux éleveurs frise les 50 %, ce qui est très bon. La moitié d'entre eux disent vouloir augmenter leur production, 28 % prévoient une stabilité, 11 % vont arrêter, essentiellement pour partir à la retraite. Enfin, 10 % ne se prononcent pas. Au final, la collecte de la coopérative pourrait gagner 20 % d'ici à 2020.
Augmenter la productivité et/ou l'effectif
Les perspectives sont plus modérées en Bretagne, notamment en raison d'une surface plus limitante. Mais Laïta peut néanmoins envisager une hausse de sa collecte de 14 % d'ici à 2020.
En pratique, la production supplémentaire se fera par une hausse de la productivité individuelle pour un tiers des éleveurs et par une hausse de l'effectif pour un autre tiers. Les autres joueront sur les deux tableaux.
« Cette connaissance des intentions de nos adhérents nous permet à la fois de mieux les accompagner, mais aussi de préparer la coopérative aux incidences de ces comportements », conclut Pierre Demerle. Et l'enquête a le mérite de montrer qu'au-delà des discours parfois défaitistes qui circulent dans les campagnes, la dynamique est bien présente chez la majorité des éleveurs.
PASCALE LE CANN
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