Le thème de l'assemblée générale de l'Unceia : « Bien-être des animaux et statut de l'animal : quels enjeux ? », ne pouvait pas être plus opportun. Un projet de loi-cadre pour le bien-être animal est en préparation à Bruxelles pour être présenté au Parlement européen en 2015. En France, c'est le débat sur le statut de l'animal qui est relancé. Plusieurs associations de défense des animaux, soutenues par des intellectuels de renom, demandent que le code civil distingue un statut spécifique à l'animal, entre les personnes physiques et les choses. Derrière cela, ils y voient la reconnaissance d'êtres sensibles, capables d'émotion et qui doivent posséder des droits pour être défendus contre toute maltraitance.
Modifier le code civil
Une proposition de loi devrait être déposée prochainement dans ce sens. Modifier le code civil pour défendre le bien-être des animaux d'élevage, voilà une drôle d'idée. D'autant qu'en parallèle, le code rural reconnaît l'animal comme « être sensible » qui ne doit pas subir de mauvais traitements. Et le droit pénal puni ces maltraitances. L'imbécile qui a récemment torturé un chat en a fait les frais. Mais l'ambition de ceux qui portent le débat du statut de l'animal pourrait être plus sournoise. En tout cas, un colloque organisé au Sénat par le club de réflexion Ecolo-Ethik de la sénatrice Chantal Jouanno a traumatisé les professionnels des filières animales qui ont pu y assister. Il réunissait des personnalités de la cause animale, mais aussi de la recherche, de l'industrie et des philosophes, pour dresser un constat dramatique de la condition des animaux de rente. Dans leur collimateur bien sûr, l'élevage hors sol et les ateliers industriels, mais pas seulement. C'est aussi la frontière entre l'homme et l'animal qui est remise en question dans cette demande d'un nouveau statut.
Autrement dit : l'homme a-t-il le droit de soumettre des animaux à l'élevage et de consommer de la viande ? Impensable? N'en soyons pas certains.
L'asservissement
À l'Unceia, Francis Wolff, professeur de philosophie à l'ENS nous a alertés sur l'évolution de notre société qui ne conçoit le rapport homme-animal que sous l'angle de l'animal de compagnie. « La prochaine étape sera de ne plus manger de viande. La déferlante végétarienne va nous arriver dessus. Considérer que vouloir libérer les animaux de l'asservissement de l'homme est un combat identique à l'abolition de l'esclavage est une idéologie qui se répand dans les pays anglo-saxons. »
Ces extrémistes s'expriment aussi en France. Étienne Gangneron, éleveur bio et vice-président de la FNSEA, participait au colloque Ecolo-Etick. Il a eu toutes les peines à faire entendre sa voix face à un public largement anti-viande. « Ces mouvements savent communiquer et ils ont la capacité de lever des fonds importants, ne sous-évaluons pas leur puissance. À nous de savoir nous défendre et de communiquersur nos pratiques pour ne pas se laisser dépasser. Toutes les structures professionnelles de l'élevage doivent s'engager », a-t-il déclaré.
DOMINIQUE GRÉMY
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