Reconduit à la présidence de la Coordination Rurale lors de son congrès, le 5 décembre, à Saint-Malo (Ille-et-Vilaine), Bernard Lannes a martelé avec vigueur le credo de son syndicat : équité et revenu. Il s'est également félicité de constater que l'organisation a su prendre la deuxième place des syndicats agricoles en vingt ans d'existence.
Dans son discours, le ministre Stéphane Le Foll a insisté sur ce qui le rapproche de ce syndicat minoritaire, évoquant la mise en oeuvre du pluralisme syndical à l'interprofession ou l'inscription du rôle du médiateur dans la loi d'avenir. À propos des difficiles négociations sur les prix, notamment dans le secteur laitier, il propose de donner un recours aux producteurs via la loi : « Il faut un lieu de dialogue pour que chacun puisse se développer. L'enjeu est là. Cela ne doit pas se faire au détriment des producteurs. »
Stéphane Le Foll s'était rendu en Chine peu de temps avant le congrès et n'a pas manqué de souligner l'importance de ce marché, estimant que la France doit en prendre sa part. Des réflexions sont en cours au sein de FranceAgriMer dans le but que chaque filière définisse sa stratégie. « Les industriels ne vont pas décider seuls, les agriculteurs doivent prendre part à ces débats », a-t-il indiqué.
Si le ministre a su caresser la Coordination Rurale dans le sens du poil, provoquant parfois de vifs applaudissements, l'organisation reste déçue par l'application française de la réforme de la Pac. « Cette réforme laisse les agriculteurs sans protection », a lancé Bernard Lannes à destination d'un Stéphane Le Foll déjà parti. Le syndicat défendait un recouplage total des aides. Il continue de prôner la création d'une agence de régulation laitière européenne pour après 2015. Et il dénonce une gestion purement budgétaire dans une Union européenne à vingt-huit où chacun ne défend que ses propres intérêts.
Autre cheval de bataille, la coopération. La Coordination Rurale y croit mais demande une réforme. « La coopération externalise les résultats au lieu de les ristourner », analyse Bernard Lannes. Il estime que si elle jouait son rôle de « fer de lance » pour défendre les prix et les revenus des producteurs, les entreprises privées n'auraient pas d'autre choix que de suivre.
Pour une revalorisation des prix à la production
Il dénonce aussi la tendance à la spécialisation des producteurs, qui pousse les intérêts de chacun dans des directions opposées. La FNSEA reste l'ennemi là où Bernard Lannes voudrait un peu plus d'éthique.
Enfin, dans la foulée de la publication de l'observatoire des marges, le président avance qu'une hausse de 40 % des prix agricoles ne toucherait le panier alimentaire qu'à hauteur d'à peine 10 %. Ses propos enflammés ne pouvaient que déclencher une ovation de la part de ses troupes.
PASCALE LE CANN
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