Début décembre, le troisième Observatoire de la formation des prix et des marges des produits alimentaires était présenté. Un rapport très attendu dans un contexte de tension au sein des filières après l'inflation des matières premières agricoles. La fixation du prix du lait pour l'année 2013 fait actuellement l'objet d'un bras de fer avec les transformateurs. Son niveau sera l'un des plus élevés depuis 2008, mais les producteurs de lait estiment que le compte n'y est pas. L'euphorie des marchés laitiers à l'export et des payes de lait à plus de 400 €/1 000 l pour les éleveurs d'Europe du Nord sont autant d'arguments. En face, les transformateurs français se plaignent fort de l'attitude de la grande distribution qui refuserait les augmentations de tarifs suffisantes sur les produits de grande consommation. D'ailleurs, Philippe Chalmin, président de l'Observatoire des prix et des marges, affirme que dans bien des filières, notamment animales, « la vive concurrence entre les enseignes de distribution est le fluide de refroidissement des hausses de prix vers le consommateur. Mais nous sommes arrivés aux limites du supportable ». En revanche, sur la question du partage des marges pour les produits laitiers, l'observatoire ne relève pas d'excès particulier chez les distributeurs.
Un rayon rémunérateur
Prenons le litre de lait UHT, entre le premier semestre 2012 et le premier semestre 2013, son prix de détail est resté stable (0,73 €/l), la marge des GMS aussi (0,16 €/l) mais celle des transformateurs est passée de 0,26 à 0,31 €/l. Excepté pour le beurre, la transformation laitière aurait consolidé ses marges au premier semestre 2013 pendant que celles de la distribution stagnaient ou baissaient légèrement. Les transformateurs récusent cette analyse au semestre. Elle serait faussée par la saisonnabilité de la collecte et le décalage de trois mois pour les hausses du prix du lait aux producteurs. En effet, au premier semestre 2013, la hausse du prix du lait n'était pas encore intervenue, alors que les prix des produits industriels s'étaient nettement relevés. « Il est fort probable que nous observions une baisse des marges sur l'année 2013 comme ce fut le cas entre 2011 et 2012 pour de nombreux produits de grande consommation », plaide Atla. Quant aux distributeurs, qu'on se rassure, malgré la guerre des enseignes, le rayon produits laitiers des grandes surfaces est l'un des plus rémunérateurs avec 3,7 % de marge nette. Il contribue pour 34 % à la marge nette positive des rayons alimentaires. Et les négociations en cours continuent à mettre une pression très forte sur les transformateurs. Malgré un prix du lait en légère hausse, les éleveurs ont, eux, perdu 7 €/1 000 l de rémunération entre les premiers semestres 2012 et 2013 du fait de l'explosion des coûts de production. Et ils attendent toujours un peu plus que ce qu'ils ont reçu au second semestre.
DOMINIQUE GRÉMY
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