Alors que la France s'enlise dans des tables rondes et blocages, la Belgique crée un fonds ponctuel alimenté par les consommateurs. De septembre 2015 à février 2016 ont été versés 21 à 25 €/1 000 l aux éleveurs. Explications.
Fin février, les éleveurs laitiers belges ont reçu le dernier versement de « l'accord sectoriel lait ». Depuis septembre, ils percevaient chaque mois entre 21 et 25,50 €/1 000 l, sur un douzième de leur quota notifié le 30 avril 2015. Cela résulte d'une concertation « chaîne », c'est-à-dire entre les représentants des producteurs, des industriels et de distributeurs belges. « Cette plate-forme informelle est lancée début août alors que le prix du lait est à 280 €/1 000 l », raconte Daniel Coulonval, responsable de ce dossier au syndicat wallon FWA. Les choses vont très vite. Un mois plus tard, l'Autorité de la concurrence belge donne son accord à cette aide, après information de la DG concurrence de Bruxelles. Il s'agit d'une dérogation au droit de la concurrence accordée en situation de crise. Fin septembre, les éleveurs perçoivent le premier versement.
Alors qu'au même moment, la filière française est enlisée dans des tables rondes et blocages, quels leviers nos voisins actionnent-ils pour arriver si vite à ce résultat ? « Les GMS ont posé un préalable à cette concertation : pas de blocages de centrales d'achats et magasins. C'est ce que nous avons fait », indique Daniel Coulonval.
Une hausse de 0,07 à 0,14 € du litre de lait UHT
Plutôt que de se disputer sur le partage de la valeur ajoutée, les trois maillons de la chaîne ont déplacé le débat sur le consommateur. Ils ont choisi d'augmenter le litre de lait UHT de 0,14 € pour les MDD-premiers prix et de 0,07 € pour les laits sous marque entreprise. Ces hausses alimentent un fonds de 46 M€ (encadré). « Il n'y a pas d'entente sur les prix. Ce ne sont pas non plus des aides publiques. La Belgique ne risque donc pas d'être accusée de distorsion de concurrence par rapport aux autres États membres. L'Autorité de la concurrence a aussi donné son accord car le dispositif est ponctuel », énumère le responsable syndical. La contrepartie est aujourd'hui une enquête de Bruxelles pour vérifier qu'il n'y a effectivement pas entente. La filière belge entre aujourd'hui dans une deuxième étape : une réflexion sur la création d'un fonds de stabilité pour les situations de crise. La distribution, qui veut en finir avec les blocages de magasins, y participe. Daniel Coulonval présentera cette expérience au congrès de la FNPL en mars. Une FNPL qui se dit intéressée, mais qui souligne que le prix plus faible du lait UHT belge facilite la contribution des consommateurs. Par sa Charte des valeurs (p. 18), elle préfère s'attaquer au problème de fond : le partage de la valeur ajoutée dans la filière.
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