IL EST URGENT D'INSTAURER LA TRANSPARENCE DANS LA FILIÈRE

Florian Salmon est en charge du dossier lait aux JA nationaux jusqu'en juin. Il s'est installé il y a onze ans à Luitré (Ille-et-Vilaine), d'abord en Gaec avec ses parents et, plus récemment, avec sa mère. L'exploitation compte 80 ha et 450 places de porcs à l'engraissement. Elle produit 620 000 litres de lait collectés par la coopérative Agrial et est équipée de deux robots.
Florian Salmon est en charge du dossier lait aux JA nationaux jusqu'en juin. Il s'est installé il y a onze ans à Luitré (Ille-et-Vilaine), d'abord en Gaec avec ses parents et, plus récemment, avec sa mère. L'exploitation compte 80 ha et 450 places de porcs à l'engraissement. Elle produit 620 000 litres de lait collectés par la coopérative Agrial et est équipée de deux robots. (©)

Les JA dénoncent le manque de transparence des industriels et réclament des indicateurs de fixation du prix du lait plus équitables, fondés sur le mix-produits des entreprises.

Quelles sont les solutions à court terme que réclament les JA pour soutenir les jeunes durement confrontés à la crise ?

Florian Salmon : La France représente 50 à 60 % des ventes des industriels. Le plus urgent est l'instauration d'une double transparence : sur leurs prix de vente sur le marché intérieur et sur leur mix-produits. Elle n'existe pas, ce qui empêche de créer des indicateurs adaptés aux valorisations de chaque entreprise. Malgré la crise laitière, les grands groupes laitiers affichent des chiffres d'affaires en progression. Vu le niveau très bas du prix du lait, nous sommes convaincus qu'ils gagnent de l'argent sur le marché national.

Comment parvenir à plus de transparence dans la filière ?

F. S. : Les contrats signés entre les industriels privés et les producteurs arrivent à échéance fin 2016. Des discussions avec les organisations de producteurs vont s'engager pour les réviser. Il faut obtenir des indicateurs de fixation du prix du lait plus équitables, fondés sur le mix-produits de l'entreprise. Nous espérions que le projet de loi porté par le Sénat sur la compétitivité de l'agriculture nous y aiderait. Les députés viennent de le rejeter. C'est une grande déception. Cela montre qu'il ne faut pas compter sur les responsables politiques pour sortir le secteur laitier de l'impasse. Nous demandons aussi aux coopératives de travailler davantage la valeur ajoutée des produits. Agrial vient par exemple d'annoncer la création d'une co-entreprise avec un Danois pour la fabrication de minéraux. Quel est l'intérêt pour l'éleveur ? Je ne le vois pas.

Depuis dix ans, les JA prônent la massification de l'offre pour peser face aux industriels et réguler la production. Dans une Europe libérale, n'est-ce pas un combat perdu d'avance ?

F. S. : Rien n'est perdu. Cela ne fait qu'un an que les quotas sont supprimés. Les JA restent convaincus de l'intérêt d'une organisation de producteurs commerciale à l'échelle du bassin pour gérer les volumes. C'est le seul moyen d'obtenir une valorisation du lait supplémentaire. Force est de constater que cette idée avance peu. La frilosité des producteurs et l'échec des GIE de collecte bloquent toute réflexion dans ce sens. Balayons aussi devant notre porte. S'ils sont mobilisés actuellement pour un meilleur prix du lait, les jeunes ne s'impliquent pas assez dans les coopératives et les OP. Un prix du lait décent passe par une plus grande structuration de la filière.

Les JA sont-ils prêts à montrer l'exemple en réduisant leur production pour réguler ?

F. S. : Si nous devons diminuer la production, nous le ferons, mais à l'échelle européenne. On a bien vu qu'en 2009, cette stratégie adoptée par la France seule n'a pas fonctionné. De plus, aujourd'hui, elle n'est pas la plus responsable de la surproduction européenne. La régulation de la production n'est pas abordée au Conseil européen des jeunes agriculteurs qui rassemble les syndicats JA des différents pays européens. Nous souhaitons lancer la réflexion. Nous avons commencé en janvier en invitant à notre session nationale lait, dans le Doubs, des représentants belge et italien. Il faut une stratégie européenne.

Il est reproché le manque de compétitivité des exploitations françaises. Quel type d'exploitation faut-il développer ?

F. S. : On trouvera toujours moins cher que soi. C'est au jeune de décider le système qu'il veut développer, adapté au marché qu'il choisit. Je le répète, la compétitivité viendra de la valorisation du lait, mais aussi des autres produits de la ferme. Face à la complexité des marchés et aux investissements importants faits dans les exploitations, les jeunes doivent aussi plus se former et s'informer.

PROPOS RECUEILLIS PAR CLAIRE HUE

Aperçu des marchés
Vaches, charolaises, U= France 7,1 €/kg net +0,05
Vaches, charolaises, R= France 6,94 €/kg net +0,02
Maïs Rendu Bordeaux Bordeaux 190 €/t =
Colza rendu Rouen Rouen 465 €/t +3

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