Comme la question de la gouvernance à une époque, celle de la volatilité est appelée à revenir régulièrement comme fil rouge des futures AG de la FNCL. Le choix des majors de la coopération (Sodiaal, Laïta, La Prospérité fermière, Eurial...) d'accompagner la croissance, promise au marché mondial, des produits laitiers, les expose à en gérer les effets. Et cela plus souvent et plus longtemps qu'avant en ce qui concerne les périodes d'hypervolatilité destructrice de valeur, leur a prédit Bastien Gibert, consultant au sein de Momagri, invité à leur dernière AG. Pour les contrer, des initiatives telles que celle portée par la coopérative irlandaise Glanbia semblent porteuses d'avenir... dans une certaine mesure. À l'évidence, pas dans le cas de crises trop importantes, trop longues ou trop fréquentes. Glanbia propose depuis 2011 à ses adhérents des contrats à prix fixe sur trois ans (voir L'Éleveur laitier n° 233 de mars 2015). Ces contrats ont été lancés parce que les Irlandais jugeaient la Pac inadaptée pour aider les producteurs à gérer leurs revenus dans le cadre d'une extrême volatilité. Le plus inquiétant est que la dernière version de la Pac, avec laquelle il faudra vivre au moins jusqu'en 2020, ne l'est pas plus.
« Il faut créer un fonds agricole de réassurance »
« La Pac actuelle est inefficace quant à la couverture des risques, tout le monde est d'accord sur ce point-là », a expliqué Catherine Lascurettes, de l'Irish Farmer's Association.
Autre intervenant à l'AG de la FNCL, Jean Cordier, économiste à Agrocampus Ouest, a enfoncé le clou. Dans le rapport qu'il a remis en janvier dernier au Parlement européen, il souligne le fait que la Pac 2014-2020 néglige complètement la gestion des risques agricoles spécifiques (risques de marché et risques de production) en privilégiant les paiements directs.
« Une réorientation du budget européen est nécessaire pour que les instruments privés de gestion du risque soient supportés par de l'aide publique lors de situations catastrophiques de marché. Il est tout aussi nécessaire de coordonner les filets de sécurité publics avec les instruments privés (assurance et finance) en créant une information commune et en définissant les conditions d'action des outils privés et publics. » C'est la force du Farm Bill.
Ses pistes : « Des outils privés doivent être créés par les entreprises dans les filières et bénéficier de réassurance lors de situations extrêmes. Il est donc indispensable de créer une flexibilité budgétaire, en créant un fonds agricole de réassurance. » Il suggère de l'alimenter par abondement cumulé d'une fraction des paiements directs. Nul doute qu'il faudra du temps pour qu'aboutisse cette idée qui propose de rogner les aides de chacun pour prévenir des crises collectives.
JEAN-MICHEL VOCORET
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