
C'était la dernière ligne droite pour Jura et Haute-Saône Conseil Élevage. Celle des AG extraordinaires pour entériner leur projet de fusion, en gestation depuis quatre ans. Volte-face fin mai : les deux conseils d'administration décident de stopper le processus. L'ouverture à la concurrence du contrôle laitier, mais surtout les bouleversements attendus du projet de règlement zootechnique européen (lire ci-contre) sont passés par là. En cause : la possibilité donnée aux entreprises de sélection de candidater au statut de breed society (comme les organismes de sélection), et donc de contractualiser avec l'entreprise de collecte de données de leur choix.
Dans le cas présent, le contexte était pour le moins compliqué, le Jura étant la zone d'activité historique de Jura-Bétail, la Haute-Saône celle d'Umotest, son concurrent. Connaissant l'influence des deux poids lourds de la sélection montbéliarde, certains n'ont jamais cru à cette fusion aussi « nécessaire et bien fondée soit-elle », comme l'ont largement expliqué Régis Brepson, président de Haute-Saône Conseil Élevage, et Pascal Monnoyeur, son homologue jurassien.
Mise en garde limpide de Jura-Bétail et Umotest
Pressentant les difficultés à venir, les deux organismes ont rencontré les deux entreprises de sélection au mois de mars. « Elles nous ont chacune expliqué de façon limpide que ce rapprochement gênait sérieusement nos collaborations futures sans nous garantir qu'elles contractualiseraient avec nous pour la collecte de données, une fois la fusion effective », résume Pascal Monnoyeur. Leur crainte : que fuitent à la concurrence les données récoltées dans le cadre de travaux de recherche et développement sur de nouveaux critères d'indexation, la clé pour se différencier demain sur le marché de l'insémination artificielle. L'argument aura ébranlé certains administrateurs. Pas Pascal Monnoyeur, qui a démissionné de son mandat. « Nous sommes propriétaires des données collectées. On les envoie où l'on veut. Pourquoi pas à deux ES ? » Certes, un opérateur belge (EMV Consult) est depuis peu agréé dans tous les départements laitiers, mais il est loin d'y avoir fait son trou, face à des organismes qui ont pignon sur rue et seront, à moyen terme, incontournables... comme c'est le cas en Franche-Comté.
JEAN-MICHEL VOCORET
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