C'est parti. Les travaux de construction des deux tours de séchage, lancés en juillet 2013, se sont achevés en février. Leur mise en route est totalement dédiée à la fabrication de poudres de lait. « Elle se fait progressivement car nous devons, pour chaque formule de produit, faire des essais. Nous avons 250 formules », indique Daniel Delahaye, directeur de la coopérative Isigny Sainte-Mère (Calvados). D'une capacité de 30 000 t, Isigny prévoit de les atteindre en 2017, par tranche de 10 000 t chaque année. Elles sont ajoutées aux 20 510 t fabriquées en 2014 (+ 9,5 %). « Un important travail de prospection commerciale est mené en 2015 dans ce but. » Une partie est réservée au Chinois Biostime qui participe au financement à hauteur de 20 M€ sur un total de 60 à 65 M€. 17,5 M€ sont en obligations non convertibles sur dix ans et 2,5 M€ en capital social... dans la coopérative. Biostime est de ce fait associé non coopérateur d'Isigny. Une disposition qu'avait introduite la loi de modernisation agricole de 2006 mais qui n'avait encore jamais été utilisée avant ce montage.
« Cet investissement assure un développement des exploitations de 495 producteurs en toute confiance, se réjouit le président Jean Schmidt, qui vient de passer la main à Arnaud Fossey. Il faut une augmentation de notre collecte de 20 %. » En 2014-2015, elle a accordé cette possibilité de volumes en plus sous forme de prêts de quotas. Soutenus par un prix du lait élevé (389,57 €/1 000 l tout compris, contre 369,83 € en 2013), les adhérents ont répondu présent. La collecte est passée de 186,6 à 204 Ml (+ 9,4 %). La coop confirme et signe cette année. Elle les transforme « en dur » dans la référence individuelle des producteurs. « La référence est fixée à 120 % de la dernière notification FranceAgriMer », confirme Jean Schmidt.
Cette nouvelle référence de 120 % est payée au prix A, avec des garde-fous pour encourager la régularité des livraisons. Elle est donc divisée par douze. Si le producteur livre au-delà de la référence mensuelle, le lait en plus sera au prix beurre-poudre Cniel moins 20 €/1 000 l. Cette règle ne s'applique pas en juillet, août et septembre pour favoriser le lait d'été.
Un résultat net de trois millions d'euros
L'investissement fait coup triple. Il assure le développement de la coopérative, permet de surfer sur le marché porteur des beurres et crèmes, et équilibre son mix-produits et ses débouchés. La matière grasse issue du lait écrémé approvisionne en effet les activités beurres (+ 8,17 % en 2014) et crèmes (+ 1,16 %), notamment en AOP, qui composent 24 % de son chiffre d'affaires. La poudre infantile en représente 40 % et hisse les exports à 49 % du CA. Isigny réalise un résultat net de 3,01 M€ (2,61 M€ en 2013) pour un CA de 288 M€ (+ 10,18 %).
CLAIRE HUE
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