« NOTRE AOP S'INSCRIT DANS UNE DÉMARCHE TERRITORIALE »

Nicolas Laurent 33 ans, en Gaec avec trois associés sur 100 ha (production de 600 000 l de lait et de cerises de table), à Ancy (Rhône). Président de l'Association des producteurs de lait des monts de Tarare (90 producteurs livrant à Lactalis) et, à ce titre, trésorier de l'APLSE (Association des producteurs Lactalis du Sud-Est), organisation de producteurs adhérente de l'Association des OP du Sud-Est qu'il préside aussi.© J.-M.V.
Nicolas Laurent 33 ans, en Gaec avec trois associés sur 100 ha (production de 600 000 l de lait et de cerises de table), à Ancy (Rhône). Président de l'Association des producteurs de lait des monts de Tarare (90 producteurs livrant à Lactalis) et, à ce titre, trésorier de l'APLSE (Association des producteurs Lactalis du Sud-Est), organisation de producteurs adhérente de l'Association des OP du Sud-Est qu'il préside aussi.© J.-M.V. (©)

L'Association des producteurs Lactalis du Sud-Est a quitté l'Union nationale des éleveurs livreurs de Lactalis (Unell) pour créer, avec d'autres OP, l'Association d'OP du Sud-Est, la première du genre agréée .

Pourquoi l'Association des producteurs Lactalis du Sud-Est (APLSE) a-t-elle, début 2015, quitté l'Unell (Union nationale des éleveurs livreurs de Lactalis) ?

Nicolas Laurent : On y a touché du doigt les limites de la verticalité. Quand une OP n'a qu'un seul interlocuteur face à elle, elle n'a pas de porte de sortie. Elle est toujours obligée de plier. On souhaitait bénéficier d'un contrat cadre entre l'OP et Lactalis pour pouvoir gérer collectivement les volumes. On a dû se contenter d'une convention de fonctionnement et de contrats individuels pour les producteurs, mettant de fait l'OP de côté. On espérait dans l'Unell pouvoir redescendre les discussions sur les prix et les volumes au niveau de notre région. L'échec nous a conduits à quitter cette union nationale pour s'inscrire dans une démarche d'association d'OP transversale au niveau du Sud-Est.

Nous nous doutions de l'impasse que constituait une OP verticale. Mais nous y sommes allés par pragmatisme, car nous savions bien qu'il serait très difficile de gommer le lien des producteurs avec leur entreprise. Il fallait passer par cela pour commencer à regrouper les producteurs au sein d'OP, une démarche incontournable si nous voulons, un jour, espérer peser auprès des entreprises.

Où en est votre AOP du Sud-Est ?

N.L. : Nous venons, en novembre, d'obtenir notre agrément. Cette AOP fédère à ce jour 930 producteurs de lait pour une collecte de 270 Ml répartis dans quatre OP. Par ordre d'importance : l'OP Danone Sud-Est (470 producteurs, 135 Ml), l'APLSE (250 producteurs, 65 Ml), l'OP Guilloteau (110 producteurs, 35 Ml), et l'OP Saint-Marcellin qui est multi-entreprise (dont Lactalis) et pèse 100 producteurs et 35 Ml. Une cinquième OP regroupant des producteurs de l'Ardèche livrant plusieurs PME est aussi en réflexion pour nous rejoindre. Le taux d'adhésion tourne à plus de 95 % des producteurs dans toutes ces OP, sauf l'APLSE où il n'est que de 65 %.

Qu'en espérez-vous concrètement ?

N.L. : Nous pourrons, dans un cadre légal, y échanger entre OP des informations sur les prix négociés avec nos laiteries sans craindre les foudres des services de la concurrence. Une AOP est aussi une façon de mettre des moyens en commun pour être à même de se payer une compétence extérieure pour assister et accompagner chaque OP dans ses négociations prix-volume avec son entreprise.

C'est tout ?

N.L. : Si dans un premier temps, chaque OP reste maître de ses négociations, on peut imaginer qu'à moyen terme, ce soit l'AOP qui négocie de façon collective les contrats. Nos OP y sont favorables, mais avant d'en arriver là, il faudra que chaque producteur donne son aval via un mandat à son OP.

N'y a-t-il pas un autre préalable : la reprise en main du froid à la ferme ?

N.L. : Évidemment, c'est un début au début. Comment voulez-vous rééquilibrer le rapport de force avec un industriel tant qu'il est propriétaire d'une partie de votre laiterie ? Je parle du tank à lait. Cette reprise en main du froid ne veut pas forcément dire acheter un tank. On pourrait très bien imaginer le louer à un tiers autre que la laiterie. On peut avoir toutes les ambitions pour une AOP. Tant que les laiteries auront la main sur le froid, on pourra aller se rhabiller.

Votre AOP a-t-elle les mêmes ambitions que celle qui vous a emboîté le pas dans l'Ouest ?

N.L. : Nous voulons être une organisation technico-économique à part entière, directement au service de nos adhérents. C'est ce qu'ils attendent de nous et ce qui explique notre fort taux d'adhésion. Nous ne voulons pas y faire de la politique, qui est du ressort du syndicalisme.

PROPOS RECUEILLIS PAR JEAN-MICHEL VOCORET

Aperçu des marchés
Vaches, charolaises, U= France 7,05 €/kg net +0,06
Vaches, charolaises, R= France 6,92 €/kg net +0,08
Maïs Rendu Bordeaux Bordeaux 190 €/t =
Colza rendu Rouen Rouen 465 €/t +3

Météo
Thomas Pitrel dans sa prairie de ray-grass

« La prairie multi-espèce a étouffé le ray-grass sauvage »

Herbe
Philippe Bernhard à droite et Hervé Massot président et DG d'Alsace Lait

Alsace Lait a besoin de lait pour ses ambitions régionales

Alsace Lait

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