L'Union européenne ne cache pas sa volonté d'aboutir à un traité de libre-échange avec les États-Unis. L'agriculture est concernée, mais ne pèse pas bien lourd dans la négociation, face à d'autres secteurs.
Pour comprendre ce qui se joue dans les négociations du TTIP(1), ou Tafta, il faut se souvenir des échecs à l'OMC. Faute d'avancer à ce niveau, les États ont cherché des accords bilatéraux, régionaux puis transrégionaux, à l'image du Traité transpacifique signé l'an dernier entre les États-Unis et onze autres pays. Les tractations en cours entre l'Europe et les USA portent sur les marchés publics, les services et l'agriculture.
Cette négociation revêt des enjeux géopolitiques majeurs. Le développement des pays émergents a déplacé le centre de l'économie mondiale vers l'Asie. Le président Obama ne cache pas sa volonté de se tourner dans cette direction.« Sans accord avec les États-Unis, l'UE court le risque de se trouver isolée », alerte Jean-Christophe Bureau, de l'Inra.
L'UE fera des concessions sur l'agriculture
Dans ce contexte, l'agriculture européenne ne pèse pas bien lourd. Pour ce secteur, les discussions portent notamment sur les droits de douanes, sachant qu'ils sont bien plus élevés en UE qu'outre-Atlantique, même si certains produits laitiers sont fortement taxés avant d'entrer aux USA. Un second volet concerne les barrières non tarifaires, dont les normes et des standards de production. Le fossé est grand entre les deux continents. Si le consommateur européen refuse la viande aux hormones et les OGM, l'Américain ne conçoit pas de manger des oeufs non lavés ou des fromages au lait cru. S'y ajoute un débat sur les indications géographiques. Un concept cher à l'Europe du Sud mais vide de sens pour les Américains.
Ce sont les fonctionnaires qui négocient. Les Parlements seront appelés à voter le texte final, mais sans pouvoir l'amender. C'est donc aujourd'hui qu'il faut agir pour faire comprendre à Bercy et à Bruxelles les enjeux agricoles.
Dans une négociation, le compromis final doit satisfaire tout le monde, même si chacun a dû abandonner quelques points en chemin. « Il faut s'attendre à des concessions sur l'agriculture, compte tenu de l'importance des autres enjeux », souligne Jean-Marc Trarieux, de la DG Agri à Bruxelles. Selon Jean-Christophe Bureau, l'Union européenne n'a sans doute pas intérêt à griller ses cartouches pour se battre sur les indications géographiques.
Mais l'Europe sait sa population attachée à certains standards, telle l'absence d'utilisation d'hormones. « Si l'Europe et les États-Unis ne se mettent pas d'accord sur un minimum de normes, celles-ci seront un jour imposées par la Chine », avertit Jean Bizet, sénateur (LR) dans la Manche.
PASCALE LE CANN
(1) TTIP (Transatlantic trade and investment partnership), surnommé Tafta (Transatlantic free trade agreement) par ses opposants.
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