Des producteurs Danone demandent des volumes en plus pour se développer. Que leur répondez-vous ?
Sophie Godet-Morisseau : Danone pense qu'il y a un vrai avenir dans la production laitière. Face au recul de la consommation des produits laitiers frais, Danone fait le maximum pour la relancer, avec des simplifications de gammes pour être plus lisible et le lancement d'innovations comme Danio à Ferrières-en Bray (Seine-Maritime) et Danette liégeois à Saint-Just-Chaleyssin (Isère). Danone pense que l'on s'oriente à moyen terme vers une raréfaction de la ressource laitière mondiale. Dans ce contexte, la France, qui a des atouts de production indéniables, a une vraie carte à jouer. Cela ne se traduit pas, aujourd'hui, par des allocations généralisées de volumes supplémentaires aux producteurs français. C'est un sujet de discussion avec les représentants des organisations de producteurs avec lesquelles nous réfléchissons à des solutions comme, par exemple, le mécanisme de pilotage collectif des volumes. Nous devons être patients.
Danone a créé une direction générale Europe qui gère, entre autres, l'approvisionnement des matières premières, basée à Amsterdam. Les livreurs français doivent-ils craindre la concurrence des autres pays européens ?
S. G.-M. : Nous raisonnons de plus en plus nos marques à l'échelle européenne. Il en va de même pour nos réflexions concernant le lait car le contexte économique oblige à une optimisation. Cela ne signifie pas que nous basculons dans une gestion centralisée. Nous sommes dans un modèle de codécision (voir aussi p. 12). Les achats de lait restent pilotés au niveau national et local. Notre approvisionnement est et restera dans une logique de localisation au plus près de nos usines. 85 % du lait est valorisé sur le marché français.
Danone figure parmi les laiteries qui ont le moins augmenté leur prix de base en 2014. Est-ce dû au marché difficile des produits frais ?
S. G.-M. : Non. Nous appliquons le contrat dans lequel figure notre formule de calcul du prix du lait. Nous avons respecté nos engagements en 2014 et continuons en 2015. Nous venons d'envoyer aux présidents des OP une proposition d'avenant pour être en conformité avec la loi Hamon sur la clause de revoyure en cas d'une variation du prix de la matière première. Elle est en discussion. Surtout, dans le cadre de notre réflexion Danone 2020, nous souhaitons réduire la volatilité du prix du lait, néfaste aux industriels et aux producteurs. Si nous gardons la formule actuelle, les fluctuations de prix vont s'accentuer car elle repose sur des marchés qui varient beaucoup. L'intégration des coûts de production est une piste. Nous y réfléchissons avec les représentants des organisations de producteurs et les producteurs. Nous prendrons le temps qu'il faut. Le dialogue fait toujours, au final, gagner du temps.
Danone travaille avec cinq fermes pilotes sur les coûts de production. N'est-ce pas un moyen indirect de fixer les marges des producteurs ?
S. G.-M. : Ces producteurs de Haute-Normandie, du Nord et du Centre-Est volontaires, en concertation avec leurs représentants d'OP, participent à la réflexion sur de nouveaux modèles de prix du lait. Nous pensons qu'il n'existe pas un modèle unique, mais des modèles possibles. Nous espérons mieux comprendre et surtout avoir une compréhension commune des évolutions des coûts de production. Notre volonté est de trouver des solutions pour répondre aux spécificités régionales. L'objectif est d'assurer un approvisionnement en lait de qualité, de limiter la volatilité du prix du lait et de poursuivre l'amélioration de la compétitivité sur toute la chaîne du lait.
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