L'état des lieux chez les éleveurs pionniers du biogaz n'est pas encourageant. Il faudra beaucoup d'énergie de la part des pouvoirs publics et de la filière pour recruter davantage.
La filière biogaz française ou quand les ambitions politiques sont en décalage avec la réalité du terrain. Mille méthaniseurs en France en 2020 annonçait, en 2013, le plan en faveur des énergies renouvelables. La loi de transition énergétique va encore plus loin avec l'objectif de 10 % de gaz renouvelable dans la consommation nationale, soit quelque 1 400 sites d'injection. Nous en serons très loin. Avec 200 méthaniseurs agricoles et territoriaux en 2015, l'atterrissage en 2020 est au mieux estimé au double, soit 400 sites. Pourtant, le gisement français serait énorme, capable d'alimenter la consommation énergétique de 3 millions de foyers. Mais à la différence de l'Allemagne, la France a fait le choix politique d'une filière biogaz traitant en priorité des déchets et des sous-produits, et non des cultures énergétiques. D'où une méthanisation complexe plus difficile à maîtriser.
Les acteurs français du biogaz ont demandé un état des lieux de leur filière de façon à identifier les obstacles au développement : 54 sites de méthanisation ont répondu au questionnaire de l'étude. 94 % d'entre eux déclarent avoir rencontré des aléas entraînant un déficit de rentabilité pour les deux tiers (avec un écart fort pour 35 %). Le rapport fait le constat de difficultés opérationnelles. En premier lieu, des pannes et des dysfonctionnements du procédé de méthanisation. Pointés du doigt ici, les équipements et les technologies (souvent venus d'Allemagne) non adaptés aux approvisionnements des unités françaises fondées sur les multi-intrants. On note aussi des problèmes de conception qui entraînent des défaillances matérielles. Cela se traduit par une production inférieure au prévisionnel, donc des pertes de revenus. Tout aussi inquiétantes, les pannes de la cogénération liées aux coupures de réseau, qui entraînent l'arrêt de la production et des casses sur le matériel.
Les symptômes d'une filière encore jeune
Les éleveurs peinent aussi à s'approvisionner en intrants complémentaires à la matière organique agricole. Et les redevances déchets sont revues à la baisse. Idem pour les revenus liés à la valorisation de la chaleur, qui sont inférieurs aux prévisions. Enfin, la sous-estimation des charges d'exploitation concerne plus d'un site sur deux. Un constat assez édifiant, symptôme d'une filière biogaz encore jeune. Une montée en compétence sur les équipements apparaît indispensable. Ensuite, le soutien public est encore insuffisant pour accompagner le décollage de la filière. Le nouvel arrêté tarifaire apportera-t-il un peu d'oxygène ?
Votre email professionnel est utilisé par les sociétés du groupe NGPA pour vous adresser ses newsletters
et les communications de ses partenaires commerciaux. Vous pouvez vous opposer à cette communication pour nos partenaires en cliquant ici.
Consultez notre politique de confidentialité
pour en savoir plus sur la gestion de vos données et vos droits.
Notre service client est à votre disposition par mail : serviceclients@ngpa.fr.
Une concession perd la carte Fendt, une armada de tracteurs part aux enchères
Le Herd-Book Charolais propose un outil pour prévoir la longévité des vaches
Les élevages bovin viande bio rentables, malgré seulement 0,05 €/kg de plus qu’en conventionnel
Des tracteurs canadiens à la conquête de la France et de l’Europe
« Nous avons investi 1,1 M€ pour avoir une vie normale »
Savencia et Eurial réduisent ensemble leur empreinte carbone
Forte tension sur les engrais azotés : les prix flambent en Europe
Comment inciter les éleveurs à se lancer en bio ?
« Mieux vaut bien négocier la future Pac que craindre l’accord avec le Mercosur »
Gestion des IVV : « 2 veaux en plus par an, c’est 3 400 € de gagnés »