L'Observatoire européen des marchés du lait créé en 2014 continue de porter les espoirs des membres de l'OPL pour que quelque chose change dans la manière d'envisager le fonctionnement du monde laitier après la fin des quotas. La branche laitière de la Coordination rurale l'a rappelé lors de son congrès tenu en Alsace début mars. À travers l'European Milk Board, l'organisation fait le forcing auprès des députés européens pour concrétiser l'idée de faire dudit observatoire une agence de décision ayant le pouvoir d'enclencher des mesures graduées de limitation de la production en fonction de la gravité de la crise constatée. « Les indices devant déclencher les alertes sont en train d'être calculés. Le système sera au point pour 2016, au terme des contrats signés en 2011 », assure Véronique Le Flo'ch, présidente de l'OPL.
« Toute aide arriverait trop tard aux producteurs »
En France, « il reviendrait au Cniel » de faire remonter au niveau européen les informations sur l'offre et les coûts de production nécessaires à l'établissement de ces indices. Mais une étude de l'institut allemand VTI, publiée fin décembre, a conclu que le dispositif réclamé par l'EMB « n'est pas applicable » car il prolonge le système des quotas aboli par l'Union européenne, parce qu'une crise ne se répercute pas de la même manière partout, mais en fonction du mix-produit des laiteries, et que la remontée des informations permettant de déclencher des mesures prendrait au minimum deux mois. Avec ce laps de temps, « toute aide arriverait trop tard aux producteurs ». Véronique Le Flo'ch demande également que les nouveaux contrats ne soient plus tous calés sur une durée identique. « Le système qui nous plaira sera celui qui permettra aux producteurs de changer de laiterie, qui créera une concurrence pour le lait entre les industriels », insiste-t-elle. Ce sera aussi une formule qui ne transforme pas les conférences de bassins
« en coquille vide », mais qui leur permet de continuer à « jouer un rôle politique » avec, en son sein, les organisations de producteurs du bassin regroupées entre elles.
Un exemple allemand
En Alsace, les membres de l'OPL ont volontiers regardé de l'autre côté du Rhin en écoutant le témoignage d'un membre du BDM allemand venu raconter comment, avec deux cents de ses collègues, il avait quitté sa coopérative pour créer un groupement de producteurs, qui a signé un contrat collectif pour vendre son lait à un courtier. Le prix est négocié via Bayern MEG. En 2015, il leur sera versé le prix moyen payé dans le sud de l'Allemagne, augmenté d'une prime de 4 €/1 000 l. Elle passera à 8 € pour la période de 2016 à 2018. Pour Véronique Le Flo'ch, régulation du marché et liberté des producteurs de changer de laiterie sont « compatibles » et « si les indices dérapent d'avec la base 100, les mesures prises dans le cadre de la régulation du marché corrigeront les écarts ». Le beurre et l'argent du beurre ?
KONRAD RICHTER
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