L'interdiction des remises arrière bouscule les « vétos »

Pour diminuer l'utilisation des antibiotiques, des vétérinaires développent le conseil et des pratiques alternatives. © CLAUDIUS THIRIET
Pour diminuer l'utilisation des antibiotiques, des vétérinaires développent le conseil et des pratiques alternatives. © CLAUDIUS THIRIET (©)

Les vétérinaires vont-ils augmenter leurs prix ? C'est ce que craignent les éleveurs. La réponse est complexe.

La loi d'avenir votée le 14 octobre bouleverse les relations entre laboratoires, vétérinaires et éleveurs. Depuis le 1er janvier, les remises, rabais et ristournes (3R) sur la vente de médicaments contenant des antibiotiques sont interdites. Autre interdiction : contourner la précédente par des « 3R » sur une autre gamme de produits. Des décisions qui mettent fin à des années de pratiques. « Les vétérinaires se sont regroupés en coopératives pour négocier les prix avec les laboratoires, décrit schématiquement l'un d'entre eux. Ces derniers se sont alors adressés directement aux cabinets en leur proposant des remises arrière sur le volume de vente de leurs produits. Des vétérinaires se sont même constitués en GIE pour négocier le niveau de ces remises. » En contrepartie, au fil des ans, ils ont limité la progression de leurs honoraires, ce qui leur fait dire que leurs actes ne sont pas facturés aujourd'hui à leur juste valeur. « Sans les médicaments, on ne peut pas vivre de l'activité rurale, plus coûteuse que "la canine". Elle demande plus de personnel et les éleveurs peuvent nous appeler jour et nuit », décrypte Edwige Bornot, vétérinaire en Côte-d'Or. Alexandre Fauriat partage cette analyse. À Boën (Loire), son cabinet est conventionné avec une association d'éleveurs pour ne pas être « médicaments dépendants. » Les adhérents paient un forfait de 34 €/vache quel que soit le nombre d'interventions dans l'année. « Notre revenu repose principalement sur nos prestations. Malgré tout, notre activité rurale va être touchée car les remises arrière antibiotiques en 2014 représentent 30 000 €. Comme son bénéfice est de 4 000 €, leur interdiction signifie un déficit en 2015. Soit le cabinet supprime un mi-temps vétérinaire, soit il cherche d'autres solutions. » Par exemple, la hausse des prix des antibiotiques vendus à ses clients. C'est justement ce que craignent les éleveurs. Tout dépendra en fait des laboratoires. On peut penser qu'ils répercuteront l'économie des « 3R » sur leur prix aux vétérinaires. Ceux-ci pourraient ainsi maintenir leurs prix. Au final, ce serait indolore pour les éleveurs. La réponse n'est pas si simple.

Attitude attentiste des laboratoires

D'ici à 2016, la loi demande aussi une réduction de 25 % des antibiotiques de la famille des fluoroquinolones et des céphalosporines de 3e et 4e générations. Donc, une réduction du volume d'activité des laboratoires. Leur part dans leur mix-produits conditionnera l'équilibre de prix à trouver. La réaction des fabricants de génériques orientera sans doute aussi le niveau de baisse. Les vétérinaires contactés n'en constatent pas ou peu depuis le 1er janvier. « Ils s'observent. » La politique développée jusque-là par les cabinets vétérinaires jouera aussi. « Nous allons opter pour une solution mixte, indique Alexandre Fauriat. Augmenter de 2 à 4 € le forfait par vache et de quelques pourcents le prix de l'antibiotique. » Le cabinet Loup Blanc (Vosges), connu pour ses tarifs plus bas, les augmentera « de 15 à 20 %. [Sa] marge, c'était jusque-là les remises arrière. » Entre les deux, il y aura une palette d'adaptations, du développement du conseil à celui de pratiques alternatives.

CLAIRE HUE

Aperçu des marchés
Vaches, charolaises, U= France 7,1 €/kg net +0,05
Vaches, charolaises, R= France 6,94 €/kg net +0,02
Maïs Rendu Bordeaux Bordeaux 190 €/t =
Colza rendu Rouen Rouen 465 €/t +3

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