
Les adhérents de la coopérative irlandaise vont se partager 32 M€ mis en réserve, pour les aider à encaisser la baisse du prix du lait enclenchée mi-2014.
Acontexte inédit, qui fragilise les producteurs de lait demain, mesure exceptionnelle de Glanbia. La coopérative irlandaise, qui revendique 30 % de la collecte nationale, va distribuer à ses adhérents plus de 32 ME d'aides puisées dans ses réserves. « La coopérative est assise sur une réserve de cash grâce aux dividendes qu'elle reçoit du groupe : 13 ME par an en moyenne ces dernières années », explique Geraldine Kearney, porte-parole de Glanbia. Explication : depuis la grande restructuration de 2012, la coopérative est l'actionnaire majoritaire de la filiale chargée de collecter et transformer le lait en Irlande, mais elle ne détient plus que 41 % de Glanbia plc. Cette société anonyme, qui se finance sur les bourses de Dublin et de Londres, chapeaute le groupe industriel au niveau international. Elle est particulièrement active dans la transformation aux États-Unis. Très profitable, avec 150 ME de bénéfice net en 2013, Glanbia plc reverse à la coopérative une partie de ses gains, habituellement mis en réserve. Mais cette année, les membres ont décidé d'une distribution exceptionnelle. La dernière remontait à la chute des prix du lait en 2009.
Les fonds débloqués seront distribués en plusieurs fois courant 2015 aux 6 200 agriculteurs qui ont fourni Glanbia en lait ou en céréales en 2014 et/ou 2015.
Un peu plus de 5 000 € versés à chacun
La clé de répartition est fondée sur les volumes livrés, pondérés selon le nombre de vaches et les achats d'intrants auprès de Glanbia. Chaque membre actif recevra un peu plus de 5 000 E. Cette distribution intervient après la chute de prix observée depuis l'été dernier et alors que « les agriculteurs ont beaucoup investi à l'approche de la fin des quotas : nous sommes dans une période unique et cela correspond à l'éthique de la coopérative de donner un coup depouce à ses membres », justifie Geraldine Kearney. Elle ajoute que le vote ne présage en rien des choix à venir de l'entreprise.
Les heureux élus seront enchantés de recevoir leur chèque, mais ils représentent une minorité dans un paysage laitier irlandais où le centre de recherche Teagasc prévoit une chute moyenne de 76 % du résultat par hectare entre 2014 et 2015. Et aucune autre coopérative n'a les reins aussi solides pour aider ses adhérents à passer ce cap difficile. La réaction du principal syndicat, l'Irish Farmers' Association, est donc mitigée. Tout en saluant cette opération qui s'ajoute au paiement des pénalités de dépassement des quotas, le président du comité laitier de l'IFA, Sean O'Leary, préférerait voir la bonne santé de Glanbia reflétée dans les prix payés aux producteurs. « Il est crucial qu'aucun mécanisme de soutien mis en place par les coopératives ne pousse le cours général du lait à la baisse. » Le syndicat souligne que tous les membres de la coopérative ont investi dans le développement du groupe et critique l'attribution de l'écrasante majorité des fonds débloqués aux seuls éleveurs laitiers.
THOMAS HUBERT
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