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ne organisation de producteurs verticale n'aura jamais le poids suffisant pour négocier avec son collecteur. » Voilà pourquoi les éleveurs laitiers bio du Nord-Ouest se sont structurés dans une organisation transversale et interrégionale avec l'OP Lait Bio Seine et Loire, reconnue en 2013. Elle rassemble sept associations livrant à cinq laiteries privées : Lactalis, Triballat, Saint-Père, Montsûrs et Danone. Cela représente 205 exploitations et 65 millions de litres de lait bio, soit un taux d'adhésion moyen de 45 % sur la zone géographique. Si la transversalité était une évidence pour agir plus efficacement sur leur territoire, elle l'a été aussi au niveau national pour adhérer à Lait Bio de France. Il ne s'agit pas ici d'une OP, ni d'une AOP, mais d'une fédération qui rassemble le plus largement possible les OP, reconnues ou pas, les coopératives spécialisées (Biolait, Lait Bio du Maine) mais aussi les associations de producteurs livrant à des coopératives mixtes (Eurial, Sodiaal, etc.). « C'est un lieu d'échange entre groupements d'éleveurs pour partager une analyse des filières biologiques, explique Patrice Lefeuvre, président de Lait Bio de France (LBF). L'objectif est de réfléchir à un cadre national de gestion et de développement de la production : solliciter les conversions quand le marché le demande, mais aussi sentir les risques de débordement et faire passer un mot d'ordre pour agir collectivement si un coup de frein est nécessaire. » LBF représente 1 000 producteurs, soit 50 % des volumes collectés au niveau national. De leur dimension naîtra la force de ces organisations transversales. Mais les blocages demeurent, entretenus par des transformateurs, privés et coopératives, qui ne goûtent pas ce mode d'organisation. Pourtant, ces OP transversales n'ont pas vocation à négocier directement avec le transformateur. « Chaque association se retrouve en tête à tête avec sa laiterie. Mais la négociation se passe sur un ton différent quand nous avons les mêmes informations qu'eux sur les marchés. Quand nous savons qui a besoin de lait ou pas. » L'un des enjeux des bio est de ne plus voir les transformateurs décider unilatéralement de leur prix du lait. En 2014, le prix de base moyen payé aux adhérents de l'OP Seine et Loire était de 454 €/1 000 l, avec un écart de 28 € entre le plus bas et le plus faible.
Motiver les conversions
« Un prix de 500 €/1 000 l permettrait de motiver les conversions dont la filière a besoin avec des débouchés en expansion (+ 7 à + 8 %) et une population de producteurs vieillissante : un éleveur sur deux a plus de 50 ans », insiste Éric Guihéry, secrétaire de Lait Bio Seine et Loire. Il faudrait pour cela admettre que le marché du lait bio est déconnecté du lait conventionnel. Ce que ne veulent pas entendre les transformateurs. « C'est pourtant la stabilité du prix et son niveau qui convaincront les producteurs à s'engager. » Ces éleveurs bio organisés sentent bien qu'ils sont à un tournant. Contrairement au lait conventionnel, ils ont, comme les AOC, la possibilité de maîtriser leur développement en fonction de l'équilibre entre l'offre et la demande d'un marché à périmètre défini. Et de s'isoler ainsi des fluctuations du marché mondial. Pour cela, il faudra être fort donc fédérer davantage, l'appel est lancé.
DOMINIQUE GRÉMY
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