Créée en 2006, Bayern Meg regroupe 62 organisations de producteurs (OP, ou Meg en allemand) situées en Bavière. Cette AOP non commerciale a pour seule mission de donner des informations à ses adhérents et de les soutenir dans leurs négociations sur le prix du lait avec les industriels. Elle ne s'immisce aucunement dans la gestion des volumes (voir L'Éleveur laitier n° 226, juillet-août 2014, pages 6-8).
Ce mode de fonctionnement a fait ses preuves mais pour asseoir son influence, Bayern Meg souhaite poursuivre son développement. Elle dispose d'une marge puisque près de la moitié du lait collecté par les industriels privés de Bavière lui échappe, des groupements continuant de négocier seuls avec leur laiterie.
Mais tout le monde ne l'entend pas ainsi. Dans le nord de la région, une poignée de Meg envisage de se regrouper afin de pouvoir échanger les informations utiles dans leurs négociations de prix. Rappelons en effet que seules les OP ou AOP disposent de ce pouvoir. En dehors de ces structures, toute discussion sur le prix du lait s'apparente à une entente, ce que les règles européennes prohibent.
La nouvelle AOP en gestation, Milchplattform Bayern, s'interroge sur l'opportunité de se lancer aussi dans la commercialisation du lait. Autrement dit, de prendre le statut d'AOP commerciale. Une option qui irrite Bayern Meg. Selon le mensuel allemand Top Agrar, ses dirigeants estiment que cette stratégie lui ferait perdre tout le bénéfice issu de la concentration de l'offre pour lequel Bayern Meg a été créé. Il s'agirait en fait d'un réel concurrent pour l'AOP. Avec le risque de voir les industriels en profiter, notamment dans les périodes où les marchés se tendent, comme c'est le cas actuellement.
Le syndicalisme majoritaire (BBV) s'implique dans le débat mais avec des discours discordants. Certains soutiennent la position de Bayern Meg, convaincus que les producteurs ont plus à gagner avec la poursuite du regroupement de l'offre que dans l'émergence d'une concurrence. D'autres voient d'un bon oeil la création de Milchplattform Bayer, qui freinerait l'ascension de Bayern Meg.
On sent là une forme de lutte de pouvoir. Car si le directeur de Bayern Meg est issu du syndicalisme majoritaire, il est aujourd'hui salarié de l'AOP et donc totalement indépendant du BBV. Et des représentants d'autres mouvances syndicales siègent au conseil de Bayern Meg. La montée en puissance de Bayern Meg se traduit donc par un recul de l'influence du syndicalisme.
En France aussi, une possible concurrence
Affaire à suivre, car Bayern Meg fait un peu figure de modèle en France, compte tenu de l'importance des résultats obtenus. On est loin de ceux des OP françaises et ce n'est pas un hasard si une délégation du Cniel s'est rendue en Bavière à l'automne dernier pour comprendre ce fonctionnement.
L'histoire est différente, car les OP n'ont vu le jour qu'il y a trois ans en France. Mais cette évolution vers une concurrence au niveau de la mise en marché du lait pourrait aussi survenir chez nous. Et le syndicalisme français cherche lui aussi sa place dans ce nouveau mode de fonctionnement.
PASCALE LE CANN
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