Les laits d'excédent vendus sur le marché Spot sont un fléau économique pour toutes les laiteries. Particulièrement pour celles spécialisées sur un type de produit comme les fabricants de fromages à pâte molle du Grand Est. Pâturages comtois est de celles-là. La dernière coopérative de Haute-Saône collecte 35 Ml auprès de 77 exploitations et produit 3 500 t de pâtes molles à croûte fleurie à 80 % exportées. « Continuer de gérer du lait en excédent était devenu suicidaire. Avec le marché Spot, pour nous, c'est : pile, tu gagnes, face, je perds ! », explique Norbert Mougey, directeur général de l'entreprise. Vous comprendrez quand vous saurez que Pâturages comtois commercialise 40 % de ses fromages du 15 décembre au 15 juin alors qu'elle collecte pendant cette période 60 % de son lait. Le rapport s'inverse ensuite : 60 % de ses tonnages vendus du 15 juin au 15 décembre, mais seulement 40 % du total de sa collecte. Résultat : les six premiers mois de l'année, il faut vendre du lait sur un marché en général déprécié par l'abondance de matière. Et les six derniers mois, l'entreprise doit compléter sa collecte pour assurer ses débouchés sur un marché où le lait Spot, plus rare, est cher.
Pour limiter l'impact financier de ce mécanisme infernal, mais aussi inciter ses coopérateurs à recaler leur production sur ses besoins de transformation, Pâturages comtois a revu sa grille de paiement du lait.
Un prix bas les six premiers mois, haut les six derniers
Depuis mi-2010, elle fonctionne sur la base d'un prix d'acompte fixé pour six mois : prix bas le premier semestre où la production de lait supérieure à ses besoins l'oblige à vendre ses excédents, prix haut le reste de l'année où elle manque de lait et doit en acheter. Et en fin d'année, les producteurs reçoivent un complément calculé pour rester dans la moyenne des prix des autres laiteries du Grand Est... sans trop grever les comptes de l'entreprise. C'est ainsi qu'en 2013, les producteurs ont été payés sur la base de 300 € puis de 360 € avec un bonus annuel de 8 €. Pour l'année écoulée, ils ont débuté sur une base de 325 € avant de passer à 400 € en juillet, mais seulement jusqu'à novembre. L'abondance de lait et les cours du Spot ont en effet obligé à recaler la période de prix haut. En décembre, le prix est retombé à 300 €, niveau qui perdurera jusqu'au 31 mai 2015. L'annonce d'un complément de 6 €/1 000 l sur tout le lait produit aura permis de faire passer la pilule. « Grâce à ce système, nous avons limité l'impact de nos laits d'excédent à - 200 000 € en 2013. Si nous étions restés sur un prix du lait politique, comme avant, il aurait fallu encaisser une perte deux fois plus importante, explique Norbert Mougey. Et pour parler de cette année, où la collecte a été bien plus importante avec des cours du lait Spot très inférieurs au prix du lait, nous avons évité le pire. » Cela a tout de même coûté 500 000 € sur un chiffre d'affaires de 30 M€.
JEAN-MICHEL VOCORET
Une concession perd la carte Fendt, une armada de tracteurs part aux enchères
Le Herd-Book Charolais propose un outil pour prévoir la longévité des vaches
Les élevages bovin viande bio rentables, malgré seulement 0,05 €/kg de plus qu’en conventionnel
Des tracteurs canadiens à la conquête de la France et de l’Europe
« Nous avons investi 1,1 M€ pour avoir une vie normale »
Savencia et Eurial réduisent ensemble leur empreinte carbone
Forte tension sur les engrais azotés : les prix flambent en Europe
Comment inciter les éleveurs à se lancer en bio ?
« Mieux vaut bien négocier la future Pac que craindre l’accord avec le Mercosur »
Gestion des IVV : « 2 veaux en plus par an, c’est 3 400 € de gagnés »