La ligne de partage entre pro et anti « tout marché » ne s'effacera pas. Il faut pourtant trouver un consensus, qui sera mou et qui va demander du temps.
Au niveau de la transformation, des banques, du système fiscal ou encore de l'Europe, les producteurs ont besoin d'instruments antivolatilité des marchés, et rapidement », lance Sean O'Leary, représentant des producteurs laitiers irlandais au Copa à Bruxelles. Message reçu cinq sur cinq aux Rencontres laitières européennes, organisées le 20 octobre par la FNPL au Mont-Saint-Michel. Il résume ce sur quoi peuvent s'entendre les producteurs laitiers européens pour gérer la crise laitière. Car pour le reste, ils divergent.
Deux visions de producteurs se sont exprimées. L'Allemand Heinz Korte va le plus loin dans la conception libérale du marché. « Six mois après la fin des quotas, les producteurs ne comprendraient pas que l'on revienne vers une limitation des volumes. Les entreprises allemandes risqueraient de perdre des marchés alors qu'elles sont déjà sur le marché mondial. Nous avons besoin d'une politique de création de nouveaux marchés. » À l'inverse, l'Italien Tommaso Abrati défend la gestion de l'offre « sans revenir aux quotas. Les filières de qualité IGP et AOP le font déjà, pourquoi pas les autres filières ? »
« Percevoir dans la filière sa juste part »
Malgré ces divergences, il faut bien avancer. Car tous deux, comme leurs collègues britanniques et français présents, reconnaissent que le prix du lait est sous les coûts de production.
Sont-ils d'accord pour relever le prix d'intervention beurre-poudre qui valorise la tonne de lait à 217 € ? « Oui », répondent-ils. À quel niveau ? Le débat est encore ouvert. « ll faut réfléchir au niveau d'augmentation », indique le Britannique Mansel Raymond, en charge du dossier lait au Copa. Un relèvement trop haut pourrait avoir un effet inverse à celui escompté, à savoir une dégradation de la compétitivité des produits européens sur le marché mondial et un encouragement à la production alors que le marché est saturé. Mais pour l'heure, ce n'est pas l'option retenue par la Commission européenne. « Le stockage privé est plus approprié. Les acteurs de la filière ont en main les clés de leur propre succès », estime Brigitte Misonne, de la DG Agri. Elle nie le faible soutien européen face à la crise que dénoncent les producteurs. « Les aides directes sont un élément stabilisateur du revenu. » Plutôt que de s'attaquer au fond du problème, la crise laitière, Bruxelles préfère promouvoir un plus grand dialogue au sein de la filière « pour que chacun perçoive sa juste part »... Une proposition bien utopiste. « D'accord, mais il faut tout de même avancer », défend Brigitte Misonne.Le commissaire Phil Hogan a mis en place un groupe de réflexion qui rendra ses conclusions pour l'été. « Cela aboutira à une législation européenne qui inclura des sanctions contre ceux de la filière, distribution comprise, qui ne jouent pas le jeu. »
Le dialogue, Mansel Raymond le prône aussi, mais à sa façon : « Pourquoi ne pas discuter avec les acteurs de la filière d'un prix fixe sur une partie des livraisons pour une période définie ? C'est ce que fait le leader irlandais Glanbia . »
« C'est dans la diversité que nous trouverons des solutions au Copa, résume Thierry Roquefeuil, de la FNPL. À nous de faire évoluer la Commission, mais aussi les industriels par rapport à ce que vivent les producteurs. » Bref, on est loin de solutions pour les six prochains mois.
CLAIRE HUE
Brigitte Misonne, de la Commission européenne : « Sans gestion de la production à l'échelle mondiale, il n'est pas possible d'en avoir une en Europe. »
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