Il est amer cet industriel au lendemain de la table ronde d'octobre réunissant producteurs, laiteries et grande distribution : « Il aurait pu y avoir un vrai effet positif pour le prix du lait s'il y avait eu un élargissement des engagements de juillet sur la bonification des tarifs à tous les produits MDD et premiers prix, et à tous les circuits de distribution, hard-discount et restauration hors foyer. Mais rien de tout cela n'en est sorti. » Le fait est que contrairement à la table ronde de juillet, déjà sous l'égide du ministère de l'Agriculture, celle d'octobre n'a débouché que sur des recommandations du médiateur. Aucun engagement, sinon celui de poursuivre jusqu'à la fin de l'année la mécanique décidée en juillet pour revaloriser certains produits MDD et premiers prix. C'était un minimum. En l'état, ce sera donc 50 à 80 € qui reviendront aux producteurs, a chiffré le médiateur, une estimation fondée sur les seules déclarations des GMS et des laiteries. « Ce degré d'imprécision me laisse perplexe quant à la véracité de ces chiffres », explique ce responsable d'OP. On en déduira qu'au mieux, cette enveloppe, ramenée à la collecte nationale, ne compensera la baisse du prix du lait qu'à hauteur de 2 à 3,50 €/1 000 l.
Quand bien même tous les produits sous MDD-premiers prix auraient été concernés dès le départ, l'amortisseur de la chute n'aurait été que de 3 à 5 €/1 000 l sur l'année... estimation du médiateur. Un mois après cette table ronde, il n'était toujours pas question d'extension.
S'ajoutera à cet amortisseur l'effort des entreprises identifié sur les paies de lait depuis août et/ou intégré dans le prix de base du quatrième trimestre.
Les GMS auraient concédé 325 M¤ à leurs fournisseurs
La FNPL a applaudi des deux mains à la recommandation du médiateur de « redistribuer aux producteurs une partie des profits réalisés par les transformateurs sur les PGC France », au motif que « les tarifs de vente industriels aux distributeurs ont beaucoup moins baissé que le prix du lait, ces tarifs négociés début 2015 n'ayant pas anticipé les effets de la dégradation de conjoncture ».
Reste à savoir ce que les entreprises redistribueront effectivement. À l'évidence, pas les 325 M€ que les GMS auraient, selon la FNPL, concédés à leurs fournisseurs en 2015... cette somme incluant la revalorisation des MDD-premiers prix, mais surtout, sous la pression des manifestations, les non-remises en tout genre sur le prix des PGC négociées en début d'année et l'achat préférentiel de produits « made in France ». C'est sur cette base que la FNPL estime que le prix du lait ne devrait pas baisser de plus de 45 à 50 €. D'après les simulations de notre observatoire des prix, les majors de l'industrie à l'instar de Lactalis et Sodiaal n'y seront pas. Les entreprises qui feront mieux que - 50 € se compteront sur les doigts de la main.
JEAN-MICHEL VOCORET
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