Le prix du lait au premier trimestre 2016 pourrait passer sous la barre des 300 €/1 000 l. Traverser cette conjoncture difficile sera un exercice délicat, mais des leviers existent dans chaque exploitation. La première action est d'identifier le point d'équilibre. Il se calcule en additionnant toutes les charges (sauf amortissement et frais financiers) aux annuités bancaires et aux prélèvements privés. Ce point d'équilibre permet une approche du besoin de trésorerie : si je me situe à 340 €/1 000 l et que je suis payé 300 €, il manquera 40 €/1 000 l. Cela peut être beaucoup plus chez les nouveaux investisseurs avec des points d'équilibre qui dépassent les 380 €/1 000 l.
Est-il possible d'abaisser ce point d'équilibre qui fragilise la trésorerie ? Le premier réflexe salutaire est de reporter les investissements prévus à des jours meilleurs. Idem pour les charges d'entretien du bâtiment ou des matériels, dans la mesure où cela ne gêne pas la production. « Ensuite, il faut s'interroger sur le coût du renouvellement, car beaucoup d'élevages ont conservé un grand nombre de génisses », insiste Paul-Gilles Possémé de BCEL Ouest. Le différentiel entre le prix de revient d'une génisse et le prix de vente d'une réforme est important. « Donc il faudrait se tenir à un taux de renouvellement entre 20 et 25 %. »
Le coût alimentaire est un autre levier important. « Tout le lait n'est pas forcément bon à produire », rappelle Emmanuel Etesse de Cogédis. Au-delà d'un certain niveau de production par vache, le rapport kilo de lait produit/kilo de concentré distribué se rapproche de la parité. Dans ce cas, et avec un prix du concentré à 320 €/kg, il est évident que l'éleveur perd de l'argent. Revenir à une ration de base équilibrée est souvent le plus pertinent dans un contexte de prix du lait bas, quitte à diminuer un peu la production par vache. Pour autant, baisser excessivement la quantité de lait produit serait une erreur stratégique. Car il faut diluer le plus possible les charges de structure.
Jouer carte sur table
Pour cette même raison, il est important que la structure de l'exploitation soit saturée, donc s'efforcer à combler les places libres dans le bâtiment. Ainsi, avec les mêmes charges de structure, vous produirez du lait à un coût marginal intéressant (160-170 €/1 000 l). Ces leviers techniques actionnés, il reste à trouver des solutions pour combler le manque de trésorerie. Limiter provisoirement les prélèvements privés est souvent le premier réflexe. Il est tout aussi urgent de contacter son banquier et de jouer carte sur table : ouverture de crédit, court terme, réajustement des annuités, tout peut se négocier. Ces derniers mois, beaucoup d'éleveurs ont autofinancé, à tort, leur augmentation de cheptel. Il leur est possible de se rattraper en demandant un emprunt bancaire équivalent. Cela peut représenter une somme importante apte à soulager la trésorerie.
DOMINIQUE GRÉMY
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