La dégradation du prix payé aux producteurs à travers toute l'Europe ravive le douloureux souvenir de 2009. « Tout indique qu'une crise aussi grave est imminente pour une raison : l'offre dépasse clairement la demande, déplore Romuald Schaber, producteur allemand et président de l'EMB. Et la situation serait plus grave sans l'effet modérateur qu'exercent encore les quotas laitiers dans des pays comme l'Allemagne ou la Hollande. » Pour les tenants de la régulation, pas question donc de fuite en avant des volumes après la fin des quotas sans avoir au préalable instauré de véritables outils de prévention des crises à l'échelle européenne, « pour que les éleveurs ne servent pas de variable d'ajustement ». À cette fin, l'EMB et la BDM (Fédération allemande des éleveurs laitiers) ont élaboré un programme dit de responsabilisation du marché (PMR) destiné à être appliqué de façon contraignante lorsque le marché du lait est menacé de déséquilibre. Le PMR repose tout d'abord sur le calcul d'un indice de marché combinant l'évolution des cours des produits laitiers, du prix du lait et des coûts de production. Lorsque l'indice dépasse 100 points, le prix payé au producteur couvre les coûts de production. Le marché est alors qualifié de stable et aucune intervention n'est nécessaire. En dessous de ce seuil, le PMR est activé selon trois modalités allant d'une incitation à réduire les livraisons, jusqu'à une réduction temporaire obligatoire de 2 à 3 % par exploitation en vue de stabiliser le marché sur la base d'un engagement financier minime des pouvoirs publics (1).
L'observatoire des prix et des marges au coeur du dispositif
Dans ce projet pour l'après-quotas, l'EMB veut faire de l'observatoire des prix et des marges européen une véritable « agence de surveillance » capable de calculer et de suivre l'évolution de l'indice de marché, d'émettre des alertes et, le cas échéant, d'activer des mesures contraignantes de réduction des livraisons. En d'autres termes, les exploitations qui, en dépit de l'annonce de la crise, continuent d'augmenter leur production, se verraient infliger des pénalités.
« Un fondement juridique est indispensable pour que le programme puisse être mis en oeuvre partout dans l'Union européenne de façon contraignante. Les interventions sur les volumes doivent être menées au niveau des exploitations individuelles, selon le principe du pollueur-payeur. L'objectif est de surmonter la crise rapidement, afin de pouvoir se passer d'un plafonnement de la production, tout en répondant à la demande des marchés mondiaux lorsqu'ils sont solvables. »
Après avoir été reçu par une vingtaine de députés européens de la commission agricole, l'EMB attend de rencontrer le nouveau commissaire.
« Les élus sont sensibles à notre discours, mais nous savons qu'ils sont aussi soumis à la pression des groupes multinationaux comme Nestlé ou Danone qui cherchent à avoir le lait le moins cher possible, analyse Erwin Schopges, producteur belge et administrateur de l'European Milk Board. À l'image de la manifestation du 11 décembre, notre volonté est donc de maintenir la pression sur les élus avec l'appui le plus large possible des éleveurs. »
JÉRÔME PEZON
(1) Voir le PMR sur le site www.europeanmilkboard.org
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