Le comté fige la productivité laitière

Outre la limitation de l'intensification laitière, le nouveau cahier des charges limite la capacité des cuves à douze fromages et à trois le nombre de fabrications par 24 heures. © JÉRÔME CHABANNE
Outre la limitation de l'intensification laitière, le nouveau cahier des charges limite la capacité des cuves à douze fromages et à trois le nombre de fabrications par 24 heures. © JÉRÔME CHABANNE (©)

Le lait/hectare de chaque exploitation de la filière comté sera désormais plafonné à sa moyenne laitière de référence augmentée de 10 %.

La reconnaissance du comté comme AOP au niveau européen, de 2003, valait pour son cahier des charges de 1994 (rayon de collecte à 25 km, 4 mois d'affinage au minimum), réécrit en 1998 (réduction de la zone AOC...). Depuis, le comté avait élaboré de nouvelles règles renforçant son lien au terroir (interdiction des OGM, limitation à 1 800 kg de concentrés/VL, 120 unités N/ha et 4 600 l de lait/ha, interdiction de la traite en libre-service...) entérinées par décret en 2007. C'est ce dernier qui, via le ministère de l'Agriculture, fait l'objet d'échanges entre le CIGC (l'interprofession du comté) et les services de la Commission depuis, qui l'ont reçu... en 2011 (un oubli de Paris expliquerait cela). Au coeur des discussions qui viennent d'aboutir à un compromis : deux points précis. Le comté voulait limiter la taille des fromageries. Bruxelles a donné son aval à une simple limitation de la capacité de soutirage des cuves à douze fromages et du nombre de tours de fabrication à trois par vingt-quatre heures.

Le CIGC aurait surtout souhaité pouvoir moduler la productivité laitière par hectare pour des raisons qualitatives, à l'instar des AOC viticoles. Niet de l'administration européenne qui assimilait cette mesure à une régulation de la production, contraire à la fin des quotas. À la surprise de beaucoup, Bruxelles a en revanche validé la possibilité de limiter la productivité laitière par hectare, au titre de la qualité et de la spécificité du terroir. Cette limitation de l'intensification laitière arrive aussi à point nommé pour ce territoire fragile, du point de vue de l'environnement, qu'est le massif jurassien avec son sous-sol karstique. « La productivité des surfaces fourragères est plafonnée pour chaque exploitation au niveau atteint lors de la meilleure campagne de 2008-2009 à 2012-2013, augmenté de 10 % », explique le texte qui devrait être bientôt publié au Journal officiel de l'UE.

Sa traduction dans le plan de contrôle en cours de modification dira ce qu'entend le CIGC par meilleure campagne. « La ligne sur laquelle nous travaillons est celle de la moyenne laitière de référence, pas le lait livré pour la campagne considérée », précise Claude Vermot Desroches, président du CIGC.

Cette règle applicable dès 2015 concernera tous les laits de l'exploitation, et pas seulement celui livré à la filière comté.

Encore 80 à 100 Ml de lait de foin « aoçable »

Selon les cas donc, du lait destiné à l'AOC morbier, mont d'or... ou toute autre filière non AOC.

« Il n'y a pas à débattre sur ce point », explique Claude Vermot-Desroches À ceux qui s'inquiètent déjà du lait qui pourrait, à terme, manquer pour satisfaire les marchés des AOC franc-comtoises continuant de croître, il se veut rassurant. « Outre la marge de 10 %, il y a sur la zone comté encore 80 à 100 Ml de lait de foin non encore transformé en AOC... de quoi voir venir. » Ce qui est sûr en revanche, c'est qu'à moyen terme, ce seront de nouveaux entrants, plus que les producteurs historiques, qui profiteront de la croissance des AOC. Autre évidence, cette mesure prend à revers ceux, exploitations ou coopératives, qui espéraient avec la fin des quotas, s'appuyer sur le lait à comté pour produire sans limites au risque de déstabiliser les autres marchés... le morbier en premier lieu.

JEAN-MICHEL VOCORET

Aperçu des marchés
Vaches, charolaises, U= France 7,1 €/kg net +0,05
Vaches, charolaises, R= France 6,94 €/kg net +0,02
Maïs Rendu Bordeaux Bordeaux 190 €/t =
Colza rendu Rouen Rouen 465 €/t +3

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