Lundi 18 novembre, FranceAgriMer ouvrait son guichet pour l’indemnisation des pertes liées à la FCO-3. Sur fond de colères des agriculteurs, les aides débloquées pour les éleveurs bovins font débat. En cause : la non prise en compte des pertes d’exploitation liées à l’épizootie. Pour rappel, seuls les animaux morts de plus de 12 mois sont indemnisés, au-delà d’un seuil de mortalité de référence.
Nous attendons une indemnisation des pertes d’exploitation.
Pour Alexis Jouniaux, éleveur laitier du Nord de la France, « cela montre bien la volonté du gouvernement d’indemniser, sans vraiment indemniser ». Car si l’éleveur a subi de plein fouet la maladie, il a eu la chance de ne pas perdre de vaches. « Nous avons eu des avortements, de la mortinatalité… Mais rien de tout ça n’est pris en compte » regrette l’agriculteur. « Les aides ne collent pas avec les pertes du terrain ».
Pourtant, le manque à gagner est bien là. Anoestrus, perte en lait… « Au pic de la maladie, j’avais jusqu’à 20 % de lait en moins au tank », précise l’éleveur, obligé de mettre de côté le lait des vaches sous antibiotiques et anti-inflammatoires du fait du cahier des charges bio. « Mes veaux jersiais n’étaient plus ramassés. J’ai dû en garder certains jusqu’à 6 semaines. Ils sont partis pour 30 € après avoir bu 4 l pendant presque 50 jours », regrette Alexis. « Pour moi la FCO, c’est 3 000 € de frais vétérinaires, plus l’impact sur la production… On aimerait une indemnisation pour les pertes d’exploitation, mais personne ne nous entend ».
L’État n’est pas responsable de la maladie.
D’autres sont plus philosophes. Pour Cyril Bellan, éleveur laitier dans les Ardennes, « l’État n’est pas responsable de la maladie. C’est déjà beau d’avoir quelque chose pour couvrir la mortalité ». L’agriculteur avait tout de même pris les devants : « le véto m’avait conseillé de faire les prises de sang pour être reconnu en tant que foyer. Ça ne servira pas ».
L’élevage de Cyril a été relativement épargné. « J’ai eu des baisses en lait, avec des débuts de lactation qui ont eu du mal à monter. Un avortement, des veaux qui n’ont pas survécu à la naissance… Ça ne fait pas plaisir, mais ça reste absorbable… ».
Pour l’agriculteur, l’essentiel reste d’accompagner les structures ayant de grosses pertes sur le cheptel. « La maladie prend vraiment des formes différentes selon les exploitations. On entend des structures qui ont perdu plusieurs vaches, ça reste pour moi le plus dramatique ».
À noter également que les indemnisations MHE, dévoilées début 2024, ne prévoient pas d’indemnisation pour les pertes d’exploitation.
Il aurait fallu se concentrer sur la vaccination
Mais s’il est un point qui accorde tout monde, c’est peut-être l’arrivée tardive du vaccin. Pour Denis Coquelet, éleveur bovin dans la banlieue lilloise, « plus que des aides, l’essentiel aurait été d’avoir un vaccin rapidement ». Autorisées aux Pays-Bas au printemps, les premières doses du vaccin contre la FCO-3 sont arrivées dans l’hexagone à l’été. En cause : les délais de mise en place d’une ATU (autorisation temporaire d’utilisation). Une procédure d’urgence qui permet d’autoriser un vaccin, malgré l’absence d’AMM (autorisation de mise sur le marché).
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