Une hausse de 4 centimes par litre de lait a été actée

Le prix du lait doit passer à 340 €/1.000 litres. (©Terre-net Média)
Le prix du lait doit passer à 340 €/1.000 litres. (©Terre-net Média)

Paris, 24 juil 2015 (AFP) - Les producteurs de lait ont arraché une hausse des prix du lait a minima qui leur permettra de couvrir leurs frais, à l'issue de trois heures de discussion avec leurs partenaires au ministère de l'Agriculture. La France réclame un soutien de Bruxelles aux producteurs et une revalorisation du prix d'intervention du lait.

Comme il l'avait fait mi-juin pour la viande bovine, Stéphane Le Foll les a réunis vendredi avec les industriels et les distributeurs pour les accorder sur cette hausse devenue indispensable alors que les éleveurs bloquaient dans la matinée plusieurs laiteries de l'Ouest, en Vendée et dans la Manche.

Il a été convenu que le lait ne pourra leur être payé moins de 340 euros les 1.000 litres, soit une augmentation de 4 centimes par litre par rapport au niveau actuel. « L'impact sur le consommateur sera de quelques centimes », a souligné Stéphane Le Foll en sortant de la réunion. « C'est un effort qu'on demande pour pouvoir passer cette crise. Les prix ne vont pas se mettre à flamber ». L'association de consommateurs Familles rurales prend d'ailleurs ses distances en indiquant que la grande distribution « invoque régulièrement l'argument du pouvoir d'achat et du prix le plus bas ». Mais « les consommateurs refusent d'être un alibi pour justifier des pratiques commerciales contestables conduisant à l'étranglement des producteurs de notre pays ». 

« Cette hausse va nous permettre de couvrir nos frais ; elle ne nous satisfait pas mais elle permet au moins ça », a indiqué de son côté le président de la fédération des producteurs (Fnpl) Thierry Roquefeuil. « On ne règle pas tous les problèmes aujourd'hui », a-t-il ajouté en réclamant des mesures au niveau européen.

Car l'accord ne porte pas sur l'ensemble des débouchés des producteurs de lait, mais uniquement sur le beurre, la crème, le lait, les yaourts nature et l'emmental vendus sous marques distributeurs ou premier prix. Il exclut aussi les produits destinés à l'export. Les industriels du lait ont donc rapidement fait savoir qu'il leur était « impossible » de garantir un prix minimum d'achat. Même s'ils s'engagent à reverser aux éleveurs les hausses consenties par la grande distribution. « D'une entreprise à l'autre, les choses sont très compliquées dans la filière. Certains sont spécialisés dans le fromage, d'autres dans le lait, et aujourd'hui il ne peut y avoir le même chiffre pour tout le monde », reconnaît d'ailleurs Thierry Roquefeuil. Les syndicats minoritaires accueillent fraîchement l'accord négocié sous l'égide de la puissante Fnsea : « un prix politique pour éteindre le feu », estime la Coordination rurale, prête à agir contre les importations de lait qui ont récemment augmenté. 

Sans appeler à la suspension des mouvements de colère, Xavier Beulin, président de la Fnsea, a « insisté sur l'état d'esprit très constructif, à la recherche d'une solution durable au moins jusqu'à la fin de l'année » des participants. « Chacun a pris conscience qu'après plusieurs mois de déflation des prix alimentaires , il est temps de faire un peu de rattrapage sur les prix des produits alimentaires ».

Après quelques mois d'embellie en 2014, les prix du lait sont repartis à la baisse depuis décembre dernier, déprimés par un contexte mondial défavorable dont la fin des quotas européens en avril, après 30 ans de régulation. « Il est évident que les producteurs ne peuvent continuer en l'état actuel des choses », avait prévenu Thierry Roquefeuil avant la réunion.

Pour le ministre, il s'agissait surtout, par cette réunion au grand complet, d'« envoyer un message à l'ensemble des producteurs laitiers » qui se sont particulièrement mobilisés en début de semaine en Normandie, leur principal bassin de production.

Conseil européen le 7 septembre

Simultanément, Stéphane Le Foll s'est tourné vers l'Europe : après avoir appelé jeudi plusieurs de ses homologues dont les pays traversent une crise similaire (Italie, Belgique, Allemagne, Irlande et Luxembourg, Etat qui préside actuellement le Conseil européen), il a obtenu la convocation d'un conseil européen des ministres de l'Agriculture le 7 septembre.

La France réclame un soutien de Bruxelles aux producteurs et une revalorisation du prix d'intervention du lait : ce mécanisme de soutien européen, activé en cas d'effondrement des cours, ne se déclenche actuellement que lorsque le prix tombe à 22 centimes le litre. Outre la fin des quotas, l'embargo russe sur les produits agroalimentaires a contribué à engorger le marché européen, alors que la demande chinoise, en pleine croissance depuis 2010, s'est brusquement réduite de moitié en poudre de lait.

Mais les éleveurs français refusent de se sentir les seuls otages du marché mondial. « On ne peut pas dire aux producteurs qu'ils doivent évoluer dans un contexte mondialisé et garder des charges sociales ou fiscales typiquement françaises. En ce cas, on veut aussi des charges mondialisées », se défend Thierry Roquefeuil qui espère une mise à plat de « l'ensemble des charges pesant sur les exploitations ». Pour lui, « il faut un effort de la part des distributeurs comme des transformateurs et, dans une moindre mesure, du consommateur ».

En dépit des négociations intenses et de la mobilisation des autorités, les éleveurs ne semblent pas prêts à désarmer vendredi soir. La Fnsea prévoit dans les jours qui viennent une série d'actions contre la grande distribution, les coopératives ou les laiteries. Quant aux Jeunes Agriculteurs, qui ont pris pour cible le charcutier Cochonou sur le Tour de France pour dénoncer ses « saucissons pas de chez nous », ils entendent bien une dernière fois le bloquer pour l'arrivée de l'épreuve dimanche à Paris.

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